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• 1) Parlez-vous couramment cette langue en raison de vos origines ou parce qu'un professeur vous a donné envie de l'apprendre ?

  Du plus loin qu'il m'en souvienne, mon envie d'apprendre le japonais et de m'immerger dans la culture japonaise, remonte à une puissante émotion esthétique éprouvée en leçon d'arts plastiques au Collège. Alors qu'à l'époque, je n'avais encore aucun lien avec le Japon, j'avais mystérieusement choisi de réaliser selon la technique du pointillisme, le portrait d'une femme japonaise parée d'un kimono et d'un chignon traditionnel. L'enfance a ses raisons que la raison ignore !...
  
  Cette première rencontre artistique avec le Japon a peu à peu nourri ma curiosité pour la langue et la culture japonaises, tant et si bien que, le Bac en poche, je me suis immédiatement inscrite aux Langues'O (INALCO). Depuis lors, ma passion ne s'est jamais démentie.

• 2) Citez le personnage vivant, historique ou fictif qui est, selon vous, le représentant emblématique de la culture en question !

  La culture japonaise est si riche, qu'il est bien difficile de ne retenir qu'une seule icône. Cependant, il en est une, relativement peu connue des Français, en la personne de Tora-san (Monsieur Tigre).
  Tora-san est le héros de la plus longue série de films japonais réalisés entre 1969 et 2019 par le cinéaste Yôji YAMADA (otoko-wa tsurai yo ! C'est dur d'être un homme !). Figure emblématique de la culture populaire, il s'agit d'un personnage attachant, drôle et plein d'humanité. A travers ses aventures dans tout le pays, il donne à voir la vie quotidienne des Japonais et expose avec tendresse les ressorts du tissu social et des traditions familiales dans le Japon d'après-guerre. D'une certaine manière, Tora-san est au XXème siècle japonais, ce que la figure du Titi parisien est à la France. Ce qui me touche particulièrement chez lui, c'est son humanité universelle : il incarne l' « esprit japonais » tout en véhiculant des valeurs et des émotions qui résonnent partout dans le monde. Je recommande absolument !

• 3) Y-a-t-il, dans celle-ci, un mot, une expression, une tradition ou un comportement typique qui vous amuse particulièrement ?

  Les Japonais ponctuent généreusement leur discours de particules finales telles que « ne » et « yo ». Pour l'essentiel, la première - « ne » - montre une forme d'adhésion du locuteur au discours de son interlocuteur, tandis que la seconde - « yo » - permet d'attirer l'attention ou d'insister sur un fait. Il n'est pas rare non plus d'associer les deux sous la forme « yo + ne » : dans ce cas, l'objectif du locuteur est à la fois d'attirer l'attention ou d'insister tout en s'assurant de l'adhésion de son interlocuteur. La maîtrise de ces nuances subtiles rend la communication très expressive et c'est un vrai régal que de les entendre à longueur de journée dans la bouche des Japonais ! Par exemple, un simple « ii tenki desu yo ne » / « Il fait beau, n'est-ce pas ? » permet de transmettre à la fois une simple observation, un enthousiasme pour la météo du jour mais aussi une invitation à partager ce sentiment. Ces subtilités de langage rendent la communication quotidienne très riche et amusante.

• 4) En quoi savoir parler cette langue est important, que ce soit scolairement, professionnellement ou d'un point de vue plus personnel ?

  Outre les opportunités professionnelles offertes par l'apprentissage du japonais, l'apport sur le plan personnel est immense. Langue et culture japonaises permettent notamment de « voir le monde », le « rapport aux autres » sous un angle inédit et novateur pour un Occidental. Je ne connais personne qui reste indifférent face au Japon.
  
  Le « choc » culturel provoqué par cette rencontre est une façon très enrichissante d'apprendre à se connaître soi-même. Par exemple, j'ai été particulièrement marquée par la manière dont les Japonais valorisent l'empathie et l'harmonie dans leurs échanges. Cela m'a poussée à réfléchir à ma propre manière de communiquer. Ainsi, découvrir la langue et la culture japonaises, c'est comme faire un voyage en soi ! Qui plus est, les raisons de s'intéresser au Japon sont innombrables : arts, artisanat, pop culture, religions, gastronomie, arts martiaux, tourisme, traditions populaires, etc…

• 5) Quelle est la difficulté principale de cette langue et ce qui peut favoriser son apprentissage ?

  Le gros avantage du japonais, c'est d'être une langue facile à prononcer (contrairement au chinois, par exemple). En revanche, la maîtrise de l'écrit demande un gros investissement ainsi que l'apprentissage des différents niveaux de langue (du style familier au niveau très soutenu). Pour mes élèves, je préconise donc une approche progressive en combinant l'apprentissage des bases de la grammaire avec des outils ludiques comme les flashcards, ou des dialogues adaptés pour travailler les registres de langue.

• 6) Une anecdote en rapport avec votre métier ou votre scolarité à nous raconter ?

  Mon premier séjour au Japon s'est déroulé à Kyôto, après 3 années d'études très académiques du japonais aux Langues'O (INALCO). Alors que je faisais partie des meilleures élèves de ma promotion, j'ai été stupéfaite de voir qu'à mon arrivée je ne comprenais rien dans ma vie de tous les jours. Il m'a fallu 3 mois d'adaptation au parler de Kyôto pour me sentir enfin chez moi ! J'ai ainsi appris à mes dépens que la langue japonaise comporte des spécificités bien régionales. Le parler standard de Tôkyô n'a rien d'une norme nationale ! Apprendre à surmonter cet obstacle fut pour moi une petite victoire personnelle, mais surtout une grande leçon d'humilité.

• 7) Aidez-nous à vous connaître un peu mieux en évoquant vos différents voyages.

  Mis à part Kyûshû et Okinawa, j'ai visité le Japon du nord au sud. Cela m'a permis de découvrir toute la diversité culturelle du pays, que l'on présente trop souvent à tort comme uniforme et conformiste. Jusqu'à présent, j'ai un faible tout particulier pour la péninsule de Kii et l'île de Shikoku, avec leurs paysages époustouflants et leurs traditions séculaires. Je n'oublierai jamais mon pèlerinage en solo sur les sentiers du Mont Kôya ni la nuit passée dans un temple bouddhiste, moment de sérénité absolue au cœur de la nature.

• 8) Qu'est-ce qui fait de vous un Superprof, en + de cette capacité à s'exprimer en plusieurs langues ?

  En tant qu'enseignante de japonais expérimentée, je dispose d'une vaste panoplie d'outils pédagogiques. Cependant, je fais toujours en sorte de mobiliser des manuels et des outils gratuits pour l'apprenant, en m'adaptant à son profil d'apprentissage ainsi qu'à ses goûts et ses envies. Dans le cadre des cours particuliers, je propose donc à chacun un parcours individualisé, sur-mesure. Plutôt qu'un enseignement « descendant », je mets en place un coaching individualisé faisant appel aux capacités de réflexion de l'apprenant et assurant une mémorisation de long terme. Cette approche a permis à l'un de mes élèves d'oser se lancer dans l'apprentissage de l'écrit puis de la lecture de textes simples en japonais, alors même qu'initialement, il pensait s'en tenir uniquement à l'apprentissage de l'oral faute de confiance suffisante en lui.