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• Parlez-vous couramment cette langue en raison de vos origines ou parce qu’un professeur vous a donné envie de l’apprendre ?

  Je parle l’anglais parce que je suis né dans une famille anglophone, et dans une région anglophone du Canada – le sud du Nouveau-Brunswick, sur la côte est. Bien que cette province soit officiellement bilingue, il s’agissait d’un bilinguisme régional et entendre le français dans la rue était chose rare. Cependant, l’apprentissage du français m’a ouvert énormément de portes ce qui, paradoxalement, explique mon engouement pour l’enseignement de l’anglais en France. Parler un anglais avec confiance, en France, ouvre des portes surprenantes et inattendues. J’encourage mes étudiants à maximiser l’impact des nombreuses heures déjà investies dans l’anglais en continuant l’effort pour surmonter l’hésitation à s’y lancer.

• Citez le personnage vivant, historique ou fictif qui est, selon vous, le représentant emblématique de la culture en question !

  Je crois qu’on a trop longtemps associé l’anglais à Shakespeare. Combien de fois avons-nous entendu « la langue de Shakespeare » ? Il va de soi qu’il reste une voix importante pour notre langue, mais quant à la question de « Qui reste un représentant emblématique de la culture anglaise / anglophone ? » ce serait la Reine Elizabeth II. Depuis ma jeunesse, dans les salles de classe de la petite section, il y avait toujours une photo de cette jeune (à l’époque) reine du Commonwealth, dont le Canada faisait partie. Elle reste un exemple puissant de tout ce que peut représenter la culture anglophone.

• Y-a-t-il, dans celle-ci, un mot, une expression, une tradition ou un comportement typique qui vous amuse particulièrement ?

  Dans la culture anglophone du Canada il y a un mot, relié à un comportement que je trouve particulièrement amusant. Il n’a pas échappé à de gentilles moqueries plutôt innocentes sur les réseaux. Le mot : « Sorry » (« I’m sorry »). Le comportement : « les Canadiens s’excusent pour tout. » Il y a des exceptions, c’est certain, mais de manière générale, même si quelque chose ne relève pas de notre responsabilité, on va s’en excuser. Il paraît que ce serait un reste de la culture anglaise du Royaume-Uni, mais je suis moins qualifié pour en faire l’affirmation. Le petit BONUS : si un Canadien entre quelque part, il va souvent attendre un peu pour tenir la porte à quelqu’un qui arrive derrière lui… même s’il est pressé.

• En quoi savoir parler cette langue est important, que ce soit scolairement, professionnellement ou d’un point de vue plus personnel ?

  L’importance de pouvoir parler l’anglais, de nos jours, ne peut être sous-estimée. 1,5 milliard de personnes parlent l’anglais à travers le monde, mais seulement 3 à 400 millions le parlent comme langue maternelle, ce qui nous montre concrètement que l’anglais est la langue commune principale dans les affaires, la diplomatie, la tech et le monde académique. En plus d’ouvrir des portes aux niveaux personnel et interpersonnel, à l’échelle globale, 22 % de toutes les annonces d’emploi citées mentionnent l’anglais comme compétence obligatoire (comparé à 1,1 % pour le français). Parler l’anglais de manière confiante, ce n’est plus « ce serait bien » … c’est un « MUST » … (c’est obligatoire).

• Quelle est la difficulté principale de cette langue et ce qui peut favoriser son apprentissage ?

  Tous mes étudiants me disent que le plus grand obstacle à leur maîtrise de l’anglais est la conjugaison des verbes (les temps de verbes). Ils n’ont pas tort, ce n’est pas évident. Cependant, ce dont il faut se rappeler dans un premier temps, c’est que l’infinitif porte le plus de sens de ce qu’on veut transmettre, la conjugaison en transmet la nuance. Tu PEUX communiquer de manière basique même si tu ne maîtrises pas les conjugaisons. Commence à parler, avec le niveau que tu as. Ensuite, petit à petit tu verras différents temps « faire du sens » dans différents contextes et tu les apprendras. Des amis ou collègues pourront t’aider en te corrigeant avec bienveillance et ça complétera tes propres efforts. Dans la majorité des échanges, tes interlocuteurs apprécieront tes efforts plus qu’ils n’exigeront la perfection.

• Une anecdote en rapport avec votre métier ou votre scolarité à nous raconter ?

  Comme anecdote, je dirais ceci … après plus de 40 ans d’apprentissage du français (j’apprends toujours), je fais toujours des erreurs ici et là : je ne trouve pas toujours le mot juste, je fais des erreurs de genre et tout ce qui en découle (accords d’adjectifs ou de participes passés), je mélange certains sons de voyelles quand ils se trouvent trop proches dans un mot ou une phrase, et finalement, de temps en temps, on décèle un léger accent. D’éventuelles erreurs ou un accent (prononcé ou pas), quand je parle français, témoignent d’une chose … je parle une langue qui n’est pas ma langue maternelle, ni plus, ni moins.

• Aidez-nous à vous connaître un peu mieux en évoquant vos différents voyages.

  Le « comment » de mes voyages témoigne de mon âge qui ne va pas en reculant. Dans la vingtaine, un vol transatlantique la veille de mon retour au travail ne me faisait rien. Maintenant, je veux une bonne semaine au calme avant. J’ai eu la chance de pouvoir visiter l’Australie, l’Argentine et le Brésil, l’Amérique centrale, les États-Unis et plusieurs pays en Europe. De plus en plus, les voyages tournent autour de « Avec qui est-ce que je vais passer du temps ? » plutôt que de « Qu’est-ce que je vais voir ? » J’attribue une énorme valeur aux relations humaines… De plus en plus, je pourrais être en plein milieu d’un champ ou en plein cœur d’Istanbul… si je suis en présence de quelqu’un que j’estime beaucoup, pour moi c’est pareil… le plus important, c’est la relation qui s’approfondit.

• Qu’est-ce qui fait de vous un Superprof, en + de cette capacité à s’exprimer en plusieurs langues ?

  Pour répondre à cette question, je laisserai un peu parler mes étudiants. En avril 2025, j’ai proposé un sondage anonyme à mes étudiants (anciens et actuels) via Instagram. En 7 heures, 71 avaient rempli le formulaire Google. 83 % m’avaient qualifié de « mentor bienveillant » (d’ailleurs, « bienveillant » était un des termes qui revenaient le plus souvent). Je dirais que le plus grand thème qui se répétait était que je leur avais aidés à retrouver confiance dans les capacités qu’ils possédaient déjà, tout en leur apprenant de nouvelles choses. Ils trouvaient beaucoup moins anxiogène le fait de « passer à l’action » en anglais… de le mettre en pratique. Ainsi, aider les autres à reprendre confiance en ce « superpouvoir » qu’est l’anglais est ce qui fait de moi un « Superprof. »