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• 1) Depuis quand développez-vous un intérêt pour votre discipline et pour les cours particuliers ?

  Mon intérêt pour l'architecture s'est manifesté très tôt, de façon presque intuitive - une attention aux espaces, à la manière dont les lieux influencent les corps, les gestes, les récits. Mais je garde un souvenir très précis d'un moment presque épiphanique : une exposition au musée Louisiana à Copenhague, alors que j'étais adolescente. Ce jour-là, j'ai compris que l'architecture pouvait être bien plus qu'un art de bâtir - elle pouvait être une pensée, une émotion, un langage. Cette révélation m'a accompagnée depuis, et m'a conduite à intégrer l'Architectural Association à Londres.
  Quant à l'envie de transmettre, elle s'est tissée naturellement à travers les années : que ce soit en relisant des projets d'amis, en donnant des conseils à de jeunes architectes ou en accompagnant des étudiants, j'ai découvert le plaisir profond de partager une posture, d'aider quelqu'un à trouver sa voix et son propre regard.

• 2) Dites-nous en davantage sur la matière enseignée, sur les thèmes que vous apprécie

  Ce que j'aime transmettre, c'est avant tout une manière d'aborder le projet comme une enquête : lente, attentive, traversée de doutes. Je suis passionnée par tout ce qui touche au dessin, à la représentation et à la mise en récit du projet. J'encourage les étudiant·es à développer leur propre grammaire - qu'elle passe par des maquettes-atmosphères, des collages, des séquences dessinées ou même des textes.
  Les thèmes qui me touchent le plus sont ceux qui mettent en lien le corps, le rituel, la mémoire, la matérialité et le contexte. Je suis moins attirée par les approches exclusivement techniciennes ou normatives si elles sont déconnectées de la vie, de l'usage, de l'émotion. J'essaie toujours de ramener l'abstraction à une expérience humaine, vécue, située.

• 3) Parlez-nous de vos modèles, que ce soit un professeur qui vous a marqué ou encore une œuvre qui vous a inspiré !

  J'ai été marquée par plusieurs figures. À l'AA, certains enseignants m'ont ouvert à l'idée que l'architecture pouvait être une forme de littérature spatiale, ou encore un langage plastique - pas un résultat, mais un processus.
  Du côté des architectes, Anne Lacaton m'a profondément inspirée par sa justesse, son humilité et sa capacité à faire beaucoup avec peu, toujours à partir de l'existant. India Mahdavi, elle, m'a appris la force du détail, la sensualité des matières et l'importance du geste délicat.
  Quant aux œuvres, je reviens souvent au Therme de Vals de Zumthor, au Centre Pompidou, ou à des maisons rurales dans l'Alentejo : des architectures très différentes mais toujours habitées, ancrées, chargées d'un souffle.

• 4) Quelles sont, selon vous, les qualités requises pour être un bon expert dans votre domaine ?

  L'écoute. Le doute. La patience. Être architecte, ou enseigner l'architecture, ce n'est pas imposer un savoir mais ouvrir des pistes, cultiver des regards. Il faut être capable d'accueillir la complexité, de naviguer entre technique et poésie, entre contraintes et intuitions.
  Un bon expert, c'est quelqu'un qui sait transmettre sans figer, qui aide l'autre à formuler ses propres réponses. C'est aussi quelqu'un qui continue d'apprendre, d'explorer, de se laisser surprendre.

• 5) Une anecdote en rapport avec votre métier ou votre scolarité à nous raconter ?

  Lors d'un workshop au Portugal, nous avions installé des toiles légères dans un paysage de ruines agricoles. Le matin, la lumière filtrait à travers, les ombres bougeaient, les gens s'arrêtaient - un lieu prenait forme. Ce projet, éphémère, sans "programme", m'a bouleversée. Il m'a appris qu'un espace peut exister simplement parce qu'on y fait attention. Ce fut une sorte de déclic : l'architecture pouvait être fragile, silencieuse, mais pleine de présence.

• 6) Vous pouvez maintenant nous rassurer et nous avouer que vous aussi, vous avez déjà connu des difficultés à l'école…

  Bien sûr. J'ai longtemps eu du mal avec les formats scolaires classiques, les attentes rigides, les notes. Ce qui m'a sauvée, ce sont les lectures, les ateliers, les moments d'échange. À l'AA, j'ai parfois eu le vertige face à la liberté du cadre : il m'a fallu du temps pour accepter le doute comme moteur, pour comprendre que chercher, tâtonner, faisait partie du processus.
  C'est d'ailleurs cette bienveillance-là que j'essaie aujourd'hui d'app

• 7) Aidez-nous à vous connaître un peu mieux en évoquant vos passions (que vous partagerez peut-être un jour via Superprof).

  Je suis passionnée par tout ce qui touche à la mise en scène : le théâtre, le cinéma, l'installation. J'aime capter des ambiances avec un appareil photo ou à travers un carnet. Je pratique aussi l'écriture, que ce soit pour accompagner mes projets ou comme exercice de réflexion.
  Et puis il y a les voyages, surtout les lents : observer comment les gens habitent, cuisinent, s'installent, prennent le temps. Ces moments nourrissent ma pratique bien plus que n'importe quel manuel.

• 8) Qu'est-ce qui fait de vous un Superprof (en plus d'avoir répondu à cette interview :-P) ?

  Je dirais : mon attention sincère à l'autre, et mon envie de faire émerger la singularité de chacun·e. Je ne cherche pas à faire "produire", mais à aider à construire une démarche, un regard, un langage.
  Je crois à l'exigence joyeuse, à l'expérimentation, à la poésie du projet. Et j'ai à cœur de créer un climat de confiance, de curiosité, où chacun·e peut progresser, oser, se révéler.