Professeur agrégé de mathématiques (Éducation Nationale), 14 ans d'expérience en cours particuliers. Cours de maths niveau collège, lycée et Supérieur mais aussi physique/chimie et SVT

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• Depuis quand développez-vous un intérêt pour votre discipline et pour les cours particuliers ?

  J’ai toujours adoré expliquer et répondre aux questions de mes camarades au lycée, puis par la suite de rechercher une manière efficace de décortiquer un problème ou une notion afin de les rendre plus intelligibles lorsque j’ai commencé à dispenser des cours particuliers avec la satisfaction de voir un de mes élèves prendre son envol grâce à moi. Au fond j’ai toujours voulu devenir prof, c’est ma vocation et les cours particuliers m’ont permis dans un premier temps de mettre
  en application ce désir au cours de mes études.
  
  Pour ce qui concerne les maths, étrangement cet intérêt fut assez tardif, en effet j’ai commencé à m’intéresser davantage et à réfléchir aux mécanismes propres au raisonnement mathématique en Terminale (anciennement série S avant la réforme de 2019). La spécialité maths était bien plus axée sur la démonstration et le raisonnement ce qui m’a permis soudainement d’éveiller mon esprit logique et ma curiosité pour cette matière que je me contentais d’étudier de façon mécanique sans plus jusqu’alors.

• Dites nous-en davantage sur la matière enseignée, sur les thèmes que vous appréciez aborder avec les élèves (et éventuellement ceux qui vous plaisent un peu moins) !

  Il est tellement fâcheux que la plupart des gens réduisent les maths à de simples calculs ou formules, je pense que c’est surtout le fruit de l’ignorance et de la paresse intellectuelle reposant sur des stéréotypes d’ancien élève… Les mathématiques reposent initialement sur la logique, le raisonnement et la démonstration, c’est le b.a.-ba du fonctionnement de toutes les autres sciences et les maths en sont le modèle : on part d’hypothèses préalablement formulées et on essaie de les démontrer à l’aide de théorèmes, méthodes de calculs et transformations successives tout en veillant à ce que le raisonnement soit juste à chaque étape… (vous voyez bien que les calculs ne sont qu’un moyen et pas une fin en soi). C’est d’ailleurs ce que j’aborde en histoire des sciences avec mes élèves, à savoir que les erreurs de raisonnement ou d’hypothèses sont souvent la source de blocages (dans n’importe quel métier/discipline, les erreurs de diagnostics peuvent induire des catastrophes…)
  
  Les maths sont à bien des égards une matière facétieuse, on en apprend tous les jours. Il arrive très régulièrement que l’on regarde un théorème, une démonstration ou un exercice sous un œil nouveau et qu’on le comprenne/résolve différemment (et j’avoue que dans le supérieur, la profusion des diverses méthodes de résolution ou démonstration d’un exercice peut parfois s’avérer déroutante). Ce qui prouve qu’il y en a pour tous les goûts/niveaux et la curiosité de tout un chacun ! Par ailleurs, je m’efforce de mettre en lumière des applications concrètes et ludiques des objets mathématiques de mes élèves afin de leur montrer la perspective de ce qu’ils pourront apprendre par la suite (ce qui par ailleurs leur permet de relativiser la complexité de leurs chapitres actuels et de les intéresser pour aller plus loin).

• Parlez-nous de vos modèles, que ce soit un professeur qui vous a marqué ou encore une oeuvre qui vous a inspiré !

  S’il y a une chose dont je suis sûr à présent, c’est qu’il n’est pas souhaitable de se fixer sur un modèle, ça n’est pas ma vision de ce métier ni même de la vie en général… un « modèle » aussi bon soit-il aura toujours des imperfections ou des
  lacunes et il est rare qu’un seul modèle suffise à appréhender la complexité du monde dans lequel on vit. En somme, on finit toujours par être déçu en idéalisant quelque chose ou quelqu’un. Même s’il peut se révéler intéressant parfois de piocher à gauche à droite quelque pédagogie, méthode ou approche, j’estime qu’il serait illusoire, artificiel et même décalé de calquer complètement un modus operandi sur un élève. A chacun sa personnalité, ses affinités et son point de vue !
  
  Il demeure cependant un jeune mathématicien qui m’a toujours intrigué, Galois, un véritable génie. Il a commencé dès le lycée à élaborer une toute nouvelle théorie et vision qui ont bouleversé quelques années plus tard les mathématiques modernes. Malheureusement pour lui, sa rédaction était tellement brouillonne (car il travaillait essentiellement de tête) et son attitude si désinvolte que ses professeurs s’en offusquaient et ne comprenaient pas toujours ce qu’il faisait, il s’est d’ailleurs présenté à plusieurs reprises, sans succès, au concours de l’Ecole polytechnique (à 16 ans, en classe de 1e sans prépa… !) pour les mêmes raisons. D’autre part, il aura fallu au moins 15 ans avant que ses manuscrits ne fussent publiés (à titre posthume, bien après sa mort…) car jugés illisibles ou mal rédigés par ses contemporains. Pour l’anecdote, il est mort à seulement 20 ans à la suite d’un duel…galant, tout ça pour une fille... Un vrai gâchis !

• Quelles sont, selon vous, les qualités requises pour être un bon expert dans votre domaine ?

  La curiosité, la rigueur et l’abnégation ! La curiosité car il faut savoir poser et SE poser des questions sur ce que l’on apprend, exercer son esprit critique, afin de comprendre et de progresser (cela vaut d’ailleurs pour tout).
  
  La rigueur est une vertu cardinale en mathématiques, si vous ne faites pas preuve de suffisamment d’attention dans les détails et les subtilités de raisonnement et de rédaction, vous allez au-devant de déconvenues majeures. En effet, on peut être brillant mais si on n’est dans l’incapacité d’exprimer clairement ses idées et son raisonnement, personne ne sera en mesure de comprendre son propos et tout sera vain (cf. Galois).
  
  L’abnégation enfin quant à elle constitue le moteur fondamental de toute réussite, il faut savoir se résoudre à refaire/revoir plusieurs fois un point qui pose problème ou bien ne pas contourner les obstacles, exercices/questions plus ardus sans quoi vous ne progresserez que de façon superficielle et temporaire. La répétition, bien que fastidieuse quelquefois est la base de l’apprentissage.

• Une anecdote en rapport avec votre métier ou votre scolarité à nous raconter ?

  Je me contenterai du récit d’une ancienne élève de 1e qui, partie de 4/5 de moyenne fin avril, est remontée à 14 en moins de 3 semaines ! Vous vous dites sûrement qu’elle y est parvenue avec un bachotage acharné en travaillant tous les jours et weekend ? Absolument pas. Elle s’est simplement contentée de reprendre à chaque cours les explications et exercices que je lui donnais en les refaisant mais de manière rigoureuse (pareil pour ses révisions…) et non pas de façon approximative, en me posant des questions sur ce qui ne lui semblait pas clair à chaque fois. Je pense que cet exemple parle de lui-même, les élèves qui ne s’investissent pas un minimum et qui se contentent d’un apprentissage superficiel, se retrouvent tôt ou tard dans l’impasse.

• Vous pouvez maintenant nous rassurer et nous avouer que vous aussi, vous avez déjà connu des difficultés à l’école…

  Bien sûr ! et à tous les niveaux, au collège, au lycée puis en prépa mais pour des raisons disparates. Au collège et lycée essentiellement par manque de travail et de régularité (j’étais bon élève et je me reposais sur mes capacités…), en prépa car le niveau n’a absolument aucune commune mesure avec le secondaire et la quantité de travail ne suffit pas toujours, il faut savoir remettre en question ses méthodes de travail et d’organisation afin de progresser.
  
  Le tempérament influe également. S’il vaut évidemment mieux bien réfléchir avant d’entreprendre un exercice et ne pas se précipiter pour certains élèves trop téméraires, d’autres sont beaucoup trop prudents (c’était un peu mon cas…) et certains timorés, ils tergiversent ce qui les conduit à ne pas oser parler/écrire ce qui est regrettable. Il faut savoir se lancer et ne pas trop hésiter quelquefois car le temps est souvent compté ! Idem pour les interventions orales, il ne faut pas attendre que le prof vienne vous chercher…dans des classes de plus de 30 élèves vous allez attendre longtemps et perdre un temps précieux.
  
  Néanmoins, les maths sont une discipline où l’on peut progresser très très rapidement (comme évoqué précédemment) mais aussi constater ses progrès soi-même (sans notes) : Lorsque vous faites de tête des choses que vous aviez galérer à vous approprier quelques temps auparavant, vous pouvez constater votre progression en direct et c’est assez plaisant !

• Aidez-nous à vous connaître un peu mieux en évoquant vos passions (que vous partagerez peut-être un jour via Superprof).

  En dehors de l’enseignement ? bien entendu ! une multitude comme tout un chacun mais je les garde pour moi… ;p

• Qu’est-ce qui fait de vous un Superprof (en plus d’avoir répondu à cette interview :-P) ?

  Ahha ça je vous laisse en juger par vous-même 😉
  Je me contenterai de dire qu’un bon prof n’a jamais fini d’apprendre et qu’il doit impérativement se remettre en question et s’enrichir de chaque nouvelle expérience avec un élève, avec d’autres profs ou parents.