Professeur agrégé en exercice donne cours particuliers de français et philosophie (cours en Visio)

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• Depuis quand développez­-vous un intérêt pour votre discipline et pour les cours particuliers ?

  L'intérêt pour ma discipline remonte à l'enfance. Je passais des heures à contempler les livres de mon père dans sa bibliothèque. Je trouvais ces livres fascinants. Plus tard, ma soeur m'a servi de cobaye, j'adorais lui enseigner toutes sortes de choses étant petite. Ensuite, lorsque j'ai décroché l'agrégation de philosophie à 23 ans, j'ai tout de suite senti que c'était ma vocation, avec un sentiment très fort d'être à ma place, à ma juste place. L'intérêt pour les cours particuliers est né en même temps que les cours dispensés en lycée au sein de l'éducation nationale. J'ai ressenti le besoin de compenser l'impossibilité -dans ce contexte où les effectifs des classes sont de 35 en moyenne- d'être très à l'écoute de chaque élève, de ses besoins spécifiques, de sa psychologie (cette dernière ayant évidemment un impact sur sa manière d'apprendre). Je m'épanouis bien davantage avec ce format en face à face. A nouveau, j'ai découvert que j'étais faite pour ça ! Avec un père psychiatre, je peux en effet donner de l'importance à cet aspect psychologique, tout en veillant toujours à leur inculquer la discipline de la plus grande exigence, de leur plus grande exigence, avec douceur (enfin c'est ce que j'essaie de faire). J'aime qu'aucun cours ne se passe de la même manière, car chaque élève est différent, et je me nourris de ces différences. J'aime enseigner à l'élève qui a de profondes difficultés, tout comme à celui qui est déjà excellent. C'est un défi permanent, un travail très stimulant, et tellement utile. Il me régénère.

• Dites nous-en davantage sur la matière enseignée, sur les thèmes que vous appréciez aborder avec les élèves (et éventuellement ceux qui vous plaisent un peu moins) !

  J'enseigne le français et la philosophie en ce qui concerne les cours particuliers (ainsi que la littérature anglaise et la traduction, dans le cadre de cours dispensés en anglais au sein d'écoles d'ingénieurs), en parallèle de l'éducation nationale à mi-temps.
  Concernant les cours particuliers, en philosophie, j'aime entraîner les élèves à préparer des oraux (j'aide notamment un étudiant en troisième année d'études de philosophie à s'entraîner pour les oraux de l'agrégation). J'aime aussi préparer les élèves au bac, avec un objectif qui est à la fois celui des examens, et à la fois celui de l'exercice de l'esprit critique. J'aime beaucoup entraîner les élèves pour le bac français, ce que je fais également depuis de nombreuses années, avec d'excellents résultats aux dires des élèves, ce qui me réjouit. Quand un élève vous apprend qu'il est passé de 9 à 18 en à peine quelques mois, on ressent forcément sa joie et son propre ravissement. Aucun effort n'est perdu !
  J'aime l'émotion que procure la littérature, et la possibilité offerte par la philosophie d'aiguiser l'esprit en permanence. J'essaie de transmettre cela à mes élèves. Il n'y a pas de mauvais objet pour la philosophie, ni pour la littérature. Je n'ai donc que des thèmes de prédilection. Peut-être que je peux dire que j'affectionne tout particulièrement la philosophie des sciences en ce qui concerne cette matière. Mais je peux aussi dire que la philosophie en général me passionne. Peut-être est-il plus judicieux ici d'établir une liste de mes philosophes et écrivains préférés, en vrac: Nietzsche, Platon, Bergson, Sartre, Arendt… Shakespeare, Voltaire, Camus, Virginia Woolf, Truman Capote, Baudelaire, Stendhal, Proust.

• Parlez-nous de vos modèles, que ce soit un professeur qui vous a marqué ou encore une oeuvre qui vous a inspiré !

  Mes modèles? Mon professeur de piano, pour l'énergie incroyable qu'il avait, qu'il a encore d'ailleurs, pour son exigence et son écoute, pour son amour contagieux de sa discipline, pour sa liberté d'enseignement, pour son amour de son métier et le fait, sans le vouloir évidemment, d'être devenu irremplaçable; pour son sens de la précision et la nécessité des infimes détails, pour son engagement indéfectible, pour son sens des formules et sa grande intelligence. Pour tout cela réuni il a été un modèle. Il était le professeur idéal, proche de ses élèves et emporté dans son élan. Je ne l'oublierai jamais. Les œuvres qui m'inspirent? Le "Gai Savoir" de Nietzsche, pour l'émotion de lire les mots de celui qui se dit « assailli par l'espoir ». Les Fleurs du Mal de Baudelaire, pour le génie torturé et la possible fusion du spleen et de l'idéal. "La force majeure" de Clément Rosset, pour être joyeux de toutes les joies et d'aucune à la fois, pour être joyeux sans raison, pour ne pas être joyeux autrement que sans raison. Pour m'avoir appris que la joie est, par nature, déraisonnable. Proust, pour avoir magnifiquement décrit l'expérience de l'olfaction ("Mais, quand d'un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après a destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus persistantes, plus immatérielles, plus fidèles, l'odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpables, l'édifice immense du souvenir." Et tous les autres auxquels je ne peux rendre justice ici, faute de temps !

• Quelles sont, selon vous, les qualités requises pour être un bon expert dans votre domaine ?

  Pour être une experte dans mon domaine, il faut beaucoup de rigueur, un sens aigu de la discipline intellectuelle, un amour pour la connaissance en général, et un amour pour l'apprentissage en général. Apprendre pour moi, est une sorte de drogue. Mon cerveau me fait vivre lorsque je le nourris des expériences de l'ordre de la jouissance, dans un cadre où je cherche à repousser mes limites, ou à les rencontrer. Cela me semble important pour l'expertise, pour « agréger des connaissances » car « rien de grand ne se fait sans passion ». Et la passion chaque jour reconduite me semble être une condition sine qua non pour ce noble métier qu'est l'enseignement. Une autre chose qui me semble essentielle est l'exercice de l'esprit critique. C'est beaucoup plus difficile qu'on ne le pense. Tant de gens se contentent des arguments d'autorité et du prêt à penser. L'autonomie en matière de jugement, voilà une autre nécessité pour l'expertise dans ma discipline !

• Une anecdote en rapport avec votre métier ou votre scolarité à nous raconter ?

  Une anecdote, indirectement liée à l'enseignement, c'est "adieu pour toujours", écrit sur un bout de papier du haut de mes trois ans, en cherchant à reproduire des traits que je savais écrits à la dernière page d'un livre que me lisait ma maman, (car ce n'était pas encore des lettres, plutôt des sortes de bâtons inclinés dans des sens différents). J'étais partie me cacher entre deux voitures, j'étais partie bouder entre deux voitures. Jamais je n'ai accompli d'effort intellectuel plus grand que ce jour là, ce jour où j'ai écrit sans savoir écrire, ce jour où quelque chose d'apparemment lisible est apparu, qui a fait éclater de rire les parents en question. Ce jour-là a peut être déterminé en partie ma vocation, il l'a marquée de son sceau.

• Vous pouvez maintenant nous rassurer et nous avouer que vous aussi, vous avez déjà connu des difficultés à l'école…

  J'ai énormément souffert d'un enseignement qui ne m'était pas adapté. J'avais besoin d'aller vite, très vite peut-être, et je voulais qu'on respecte mon rythme. Tout allait vraiment toujours trop lentement. Je m'ennuyais. J'étais comme un âne qui avait encore soif.

• Aidez-nous à vous connaître un peu mieux en évoquant vos passions (que vous partagerez peut-être un jour via Superprof).

  En dehors de la philosophie et de la littérature, je suis passionnée par la médecine et par le corps humain. Pas par la médecine qui se goinfre de médicaments et va à la « Pfizéria » tous les samedis. Par la médecine de l'âme qui se prolonge dans le corps, ou par celle du corps qui se prolonge dans l'âme. Mon autre passion (ou plutôt devrais-je dire ma passion première), c'est la liberté. Et l'éducation des enfants, j'allais dire de mes enfants, mais disons plutôt l'éducation tout court, car qui cesse vraiment d'être un enfant?

• Qu'est-ce qui fait de vous un Superprof (en plus d'avoir répondu à cette interview :-P) ?

  Ce qui fait de moi un Superprof, c'est ce qui me fait vous corriger en vous répondant à partir de la question de savoir ce qui fait de moi une Superprof ! Ce qui fait de moi une Superprof, c'est ma quête de vérité.