Prof. éducation nationale spécialisée dans la difficulté scolaire, Master 2, psychopédagogue en CAPP propose d'identifier les besoins des élèves afin qu'ils retrouvent curiosité et plaisir d'apprendre

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• Depuis quand développez­-vous un intérêt pour votre discipline et pour les cours particuliers ?

  Professeur des écoles, c'est dans mon métier d'enseignante en classe élémentaire que j'ai été confrontée aux besoins particuliers d'élèves auxquels la situation de classe ne peut pas répondre. Des enfants en difficulté scolaire persistante alors qu'ils ont les capacités cognitives nécessaires à une bonne scolarité. Ce constat (et ma difficulté à aider ces enfants) m'a d'abord poussée à reprendre des études. J'ai commencé avec un Master 1 puis un Master 2 en Sciences de l'éducation afin d'améliorer encore ma compréhension des processus d'apprentissage et ma connaissance des différentes méthodes d'enseignement. Mais ce n'était pas suffisant. Car aussi technique, réfléchi et adapté que soit l'enseignement, il y toujours des élèves qui résistent et notamment ceux qui ne sont pas disponibles pour apprendre. C'est alors que j'ai opté pour une autre spécialisation : l'aide relationnelle encore appelée psychopédagogie. J'ai passé une certification, un CAPPEI : certificat d'aptitude professionnelle aux pratiques de l'éducation inclusive. Cette certification regroupe toutes les spécialisations autour des besoins particuliers des élèves à l'école, dont l'aide relationnelle. En aide relationnelle, on travaille les compétences préalables à une bonne adaptation à la classe et aux apprentissages. La confiance en soi et en ses capacités, l'estime de soi, le désir d'apprendre, la curiosité, la relation aux autres (à l'adulte pour demander de l'aide, pour accepter des explications, aux autres élèves pour supporter le conflit socio-cognitif par exemple), l'envie d'apprendre pour soi et non pas par injonction parentale ou scolaire, l'envie de grandir et de se séparer, la relation au cadre et aux règles, le différé, la frustration, liés à tout processus d'apprentissage, les capacités langagières et les capacités d'imagination. Et ce ne sont qu'un aperçu puisque chaque processus de remédiation s'adapte au plus près des besoins de chaque enfant. J'ai travaillé pendant plusieurs années en RASED à l'école avec ces nouvelles compétences. Puis j'ai été recrutée en CAPP (Centre d'Adaptaion Psychopédagogique) où je peux, en travaillant en étroite collaboration avec des pédopsychiatres, psychologues, psychomotriciens et orthophonistes, approfondir encore ma capacité à aider de manière de plus en plus précise et adaptée les enfants qui me sont confiés. Les CAPP s'adressent à des enfants en très grandes difficultés qui mettent aussi en difficultés l'école. Mais il reste de nombreux enfants qui ne sont pas en aussi grandes difficultés et qui pour autant tireraient de nombreux bénéfices à se sentir mieux en classe, dans la relation, face à toutes sortes de difficultés qui entravent le processus d'apprentissage mais aussi face à la pression scolaire ou parentale. J'ai le sentiment, et c'est de là que vient ce projet de cours particuliers, que les besoins existent et sont bien réels.

• Dites nous-en davantage sur la matière enseignée, sur les thèmes que vous appréciez aborder avec les élèves (et éventuellement ceux qui vous plaisent un peu moins) !

  Mon travail commence avec l'examen de la demande des parents lors d'un entretien téléphonique préalable. Cet entretien peut être aussi l'occasion de faire le point sur le parcours scolaire de l'enfant, les différentes aides existantes ou à mettre en place, les différents bilans extérieurs qui ont pu ou pourraient être réalisés, les adaptations qui pourraient être envisagées.
  Ensuite et lors d'une première séance avec l'enfant je m'entretiens avec lui et je l'observe dans différentes situations scolaires, de communication ou de jeu, afin d'établir un diagnostic le plus précis possible des besoins.
  
  Je propose ensuite aux parents et à l'enfant une remédiation adaptée. Cette remédiation peut commencer avec de la psychopédagogie (à partir du jeu de fiction, des activités créatives, du jeu de société ou de la littérature-jeunesse) si l'enfant a besoin de travailler sur sa relation à l'apprentissage ou sur sa confiance en lui.
  
  Si les besoins sont principalement scolaires, ou à l'issue d'une psychopédagogie et si l'enfant est prêt, je propose du soutien scolaire (ludique et interactif) ou une remédiation des difficultés adaptée. En effet certains enfants ont des profils d'apprentissage spécifiques qui nécessitent des adaptations : adaptation des conditions de travail, des supports, de la formulation des consignes, de la quantité et du temps de travail etc.
  
  La psychopédagogie s'adresse principalement à des enfants de cycle primaire. Avec des élèves plus grands (collège ou lycée), je travaille d'une manière qui s'apparente à du coaching : organisation, méthodologie, motivation, projet, confiance en soi. De plus, l'intervention d'un adulte-tiers permet généralement à l'élève de se dégager de la pression parentale ou scolaire.

• Parlez-nous de vos modèles, que ce soit un professeur qui vous a marqué ou encore une oeuvre qui vous a inspiré !

  Mon auteur préféré dans mon domaine est Donald Winnicott, pédiatre et psychanalyste anglais du début du 20e siècle. C'est lui qui a mis en évidence l'importance de la qualité de la relation et la fonction du jeu pour un développement épanoui des enfants.

• Quelles sont, selon vous, les qualités requises pour être un bon expert dans votre domaine ?

  Pour être un expert dans le domaine de la psychopédagogie, il faut selon moi avoir des qualités d'écoute et une grande disponibilité psychique. C'est la qualité de l'observation clinique qui permet au psychopédagogue de comprendre de la manière la plus juste et la plus précise possible ce qui se joue pour l'enfant dans sa relation à lui-même, aux autres et à l'apprentissage. Cette observation est la base de la remédiation qui pourra être proposée ensuite.

• Une anecdote en rapport avec votre métier ou votre scolarité à nous raconter ?

  Je dirais que j'ai autant d'anecdotes à raconter que d'enfants rencontrés. Car chaque rencontre est un voyage, une aventure et l'occasion de nombreuses découvertes. C'est ce qui rend mon métier si passionnant.

• Vous pouvez maintenant nous rassurer et nous avouer que vous aussi, vous avez déjà connu des difficultés à l'école…

  Pas vraiment en fait. Mais parce que j'étais une enfant très conforme. On m'avait éduquée à rester dans le rang, à écouter et obéir. Et surtout sans donner mon avis. Mais en effet ce parcours personnel compte beaucoup dans mon parcours professionnel. Ma rencontre et mon travail avec chaque enfant est aussi une manière de rappeler à chacun d'entre eux qu'il est un individu à part entière, dont les idées et les désirs comptent, un individu digne du plus grand intérêt par principe et quelques soient les difficultés qu'il traverse.

• Aidez-nous à vous connaître un peu mieux en évoquant vos passions (que vous partagerez peut-être un jour via Superprof).

  J'ai besoin d'évasion pour ensuite pouvoir être pleinement disponible pour chaque enfant que je rencontre. Je me ressource plusieurs fois par semaine grâce à la danse, à la littérature et à la culture.

• Qu'est-ce qui fait de vous un Superprof (en plus d'avoir répondu à cette interview :-P) ?

  Je pense avoir une réelle qualité d'écoute et d'observation clinique que j'ai développée tout au long de ma carrière d'enseignante spécialisée et de psychopédagogue. Cela me permet d'être au plus près de la compréhension du fonctionnement et des besoins de chaque enfant pour ensuite pouvoir imaginer avec eux une manière d'y répondre.