Enseignante de lettres modernes en collège/lycée, diplômée d'un master de lettres, donne cours particuliers de français, de littérature, de rédaction et de grammaire pour tous les niveaux (HLP aussi)

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• Depuis quand développez­-vous un intérêt pour votre discipline et pour les cours particuliers ?

  J'ai toujours été une personne sensible et littéraire. Avant même de savoir écrire, j'essayais d'assembler des boucles à l'aide d'un stylo sur des feuilles (parfois des murs, au grand dam de mes parents) et je croyais qu'en pensant assez fort à ce que je voulais dire, les formes finiraient bien par refléter mes pensées, parce qu'après tout : « ça doit bien être comme ça qu'ils font, les grands » !
  Lorsque l'on m'a diagnostiqué précoce mais dyslexique et dyspraxique à l'âge de 6 ans, je n'ai pas pris peur pour autant. Je n'ai pas sauté de classe, j'ai connu beaucoup de séances d'orthophonie et j'ai développé un appétit vorace pour les livres en tout genre. Au bout d'un certain temps, ce qui paraissait être des obstacles infranchissables s'est transformé en formidable terrain de jeu.
  
  C'est ainsi qu'après tant d'années, je ne cesse de me plaire toujours plus dans mes études. J'apprends, je m'adapte, j'évolue et je réussis. Quand, à mes dix-huit ans, j'ai dû trouver un emploi dans lequel je saurais m'épanouir et donner le meilleur de moi-même, je n'ai pas immédiatement su que ce serait dans l'enseignement. Mais très vite les évènements de la vie m'ont amenée à devenir soutien scolaire pour des élèves en primaire et au collège. Un an plus tard, j'ai fait la formidable rencontre d'une famille où se trouvaient deux garçons, un qui allait rentrer au collège, l'autre qui entamait sa quatrième. Tous les deux étaient surdoués, tous les deux étaient aussi grandement freinés et démotivés par leur dysorthographie et dyslexie. C'est en voyant leur incroyables capacités qui sommeillaient sous une couche d'amertume accumulée par le sentiment d'échec au sein du système scolaire que j'ai su que j'avais, moi aussi, beaucoup à leur apporter. J'ai grandi, dans mon rôle de professeur particulier et soutien scolaire, à leurs côtés, durant trois ans. J'ai compris l'importance de la transmission et de l'écoute. De la confiance en soi. De la curiosité insatiable. Et j'ai tenté de leur communiquer tout cela, du mieux possible. Aujourd'hui, le plus âgé est un heureux diplômé du brevet des collèges qui veut s'orienter vers un parcours scientifique, et le second s'épanouit de plus en plus.
  
  
  Cette année, je viens d'emménager à Lyon, moi-même fraîchement diplômée de ma licence de Lettres, avec mention bien. J'ai développé ma passion de la littérature à travers l'histoire et les autres disciplines, au point qu'aujourd'hui j'ai l'ambition de devenir enseignante-chercheuse agrégée de lettres spécialisée dans la littérature médiévale. J'ai dû me séparer de mes élèves de longue date, mais je ne compte certainement pas arrêter de partager mes connaissances, mes expériences ni de donner mon soutien aux élèves qui en ont besoin.

• Dites nous-en davantage sur la matière enseignée, sur les thèmes que vous appréciez aborder avec les élèves (et éventuellement ceux qui vous plaisent un peu moins) !

  Le français est souvent une matière très dépréciée des élèves qui, sans parfois savoir l'expliquer, n'aiment ni lire des heures durant des livres qu'ils n'ont pas choisis, écrire sur des sentiments ou des évènements qui ne les inspirent pas, et encore moins apprendre par cœur des conjugaisons ou des règles de grammaires innombrables et complexes qui donnent au français la réputation d'une des langues les plus difficiles à apprendre.
  
  
  Pourtant, au-delà de ce portrait très peu flatteur se trouve souvent quelque chose d'extrêmement beau et simple, et il manque juste une étincelle pour que cette matière attire toute personne s'y penchant un peu. Le français est avant tout une langue. Et que ferions-nous sans langue, pour communiquer ? Certes, nous avons nos mains, nos expressions, des sons qui montrent des sentiments génériques. Mais les mots, leur agencement, notre façon de jouer avec offrent une infinité de possibles qui nous accompagnent tout au long de notre vie et nous ouvrent toutes les portes, ou presque, que nous voulons. Tout ce qui définit le français avec des termes scolaires, l'étude de la littérature qui va presque toujours avec, sert en réalité à exprimer ce que nous ressentons tous au fond de nous, de façon presque innée, à le comprendre et à le maîtriser. La langue et la littérature ne sont pas des choses rigides et figées, ce sont au contraire des choses vivantes, qui reflètent la complexité de nos êtres, de nos relations, de nos sociétés et de leurs codes. Elles sont le témoignage et la béquille de l'esprit humain, dans toutes les situations et tous les états.
  
  
  C'est pourquoi j'ai plaisir à parler d'absolument TOUT avec l'élève, car celui-ci doit bien comprendre que la littérature et le français s'emmêlent avec le reste de toutes les matières qu'il connait : la musique, le sport, les mathématiques, la physique-chimie, les langues étrangères, la philosophie… Tous les thèmes sont abordables et intéressants. Tous les genres ont leur spécificité et leur intérêt. D'un point de vue personnel, je suis particulièrement passionnée par l'étude des sentiments et nos façons d'en parler. D'un point de vue des périodes, je suis très intéressée par l'antiquité et le moyen-âge, mais les autres périodes me sont familières. J'aime beaucoup la littérature contemporaine, et je pense que de nombreux ouvrages de jeunesse sont une excellente ouverture sur les bonheurs de la littérature, et je me ferais un plaisir de les prêter à mes futurs élèves s'ils souhaitent les lire durant leur temps libre.

• Parlez-nous de vos modèles, que ce soit un professeur qui vous a marqué ou encore une œuvre qui vous a inspiré !

  Je n'ai jamais vraiment eu de « modèle » car je trouve le principe un peu vide, du moment où tant d'auteurs ou d'œuvres sont intéressantes ou enrichissantes sur certains points et moins sur d'autres. Très souvent, les modèles donnés sont des personnalités extrêmement célèbres et ne sont qu'un choix normatif pour donner une image calculée. Pour ce qui touche aux professeurs qui m'ont marquée ou inspirée, je dirais tous ceux qui prêtent une attention humaine et profonde à ce qui les entoure, et agissent sur cela. J'ai eu la chance d'en croiser beaucoup, et chacun a influencé ma vie dans le bon sens, même si leur insistance ou leurs décisions à mon égard paraissaient parfois injustes dans mon esprit d'adolescente rebelle.

• Quelles sont, selon vous, les qualités requises pour être un bon expert dans votre domaine ?

  Pour moi, les qualités d'un bon professeur particulier, et ce dans toutes les matières, sont les suivantes : il faut, dans un premier temps, être relativement expert dans son domaine. Sans une connaissance solide de notre matière, les capacités pédagogiques ne sont pas vraiment utiles. Les deux sont liées. Les capacités pédagogiques sont donc le deuxième point important. Il faut savoir encadrer, comprendre et guider pour permettre à l'élève de progresser. Il faut être capable de vulgariser et de simplifier, et il faut faire preuve de persévérance et de créativité pour trouver le médium d'enseignement qui résonnera le plus avec l'élève.
  
  
  Pour ce qui est des qualités humaines, il faut pouvoir instaurer une relation de confiance avec l'élève, et cela passe avant tout par l'écoute et la capacité de s'adapter aux besoins de l'élève. Il est nécessaire d'avoir une régularité dans le contact et d'être dans une réelle communication avec l'élève et sa famille : c'est ensemble que nous voyons quels points sont nécessaire d'aborder et de travailler, et c'est ensemble que nous dressons un état des lieux des avancées grâce à l'accompagnement. Tout cela demande évidemment beaucoup de patience et d'empathie, afin de comprendre ce que l'élève ne peut comprendre sur le moment et lui donner les outils nécessaires pour qu'il puisse, avec de l'aide, débloquer la situation et s'épanouir.

• Une anecdote en rapport avec votre métier ou votre scolarité à nous raconter ?

  La réussite scolaire n'a rien à voir avec l'intelligence ou la quantité de travail, et il est important de comprendre cela pour garder une certaine confiance en soi. La réussite scolaire, c'est comprendre avec précision ce qu'attend un professeur de nous, et se préparer à répondre avec précision à ses attentes. C'est pourquoi il est important de ne pas se torturer face à des notes, ni à prendre trop de confiance face à d'excellents résultats. Il faut toujours rester réaliste et humble. J'ai toujours eu une très bonne moyenne en français car je savais exactement à quelles réponses s'attendaient mes professeurs. Un jour, nous devions lire « L'étranger » d'Albert Camus, je n'avais pas envie de le lire, alors j'ai lu quelques corrections de tests de lecture sur internet. Je les ai apprises par cœur en espérant tirer quelques points. Il s'est avéré que mon professeur, visiblement trop occupé pour préparer son propre test, nous a donné exactement le même contrôle que celui que j'avais trouvé sur internet. J'ai eu 20/20 en ayant pas lu le livre et reformulé des réponses qui n'avaient pas vraiment de sens pour moi.
  
  
  A l'inverse, l'année de mon bac, nous devions lire Madame Bovary de Flaubert, et nous avions ce professeur qui nous prenait de haut. Même les meilleurs sur le papier étaient des élèves insignifiants et bêtes pour elle. Ce n'était jamais assez, mais elle ne prenait jamais la peine de nous expliquer ce qui pouvait être assez. J'ai beau avoir lu de long en large le livre, des fiches de lecture, des analyses, des commentaires, les brouillons de Flaubert et mes cours, je n'ai jamais eu l'impression de comprendre ce qu'on attendait de moi à ce moment-là, et l'œuvre ne m'en paraissait que plus opaque. J'ai eu une note très moyenne au bac.
  
  
  Comme quoi !

• Vous pouvez maintenant nous rassurer et nous avouer que vous aussi, vous avez déjà connu des difficultés à l'école…

  Comme dit plus haut, j'ai eu très jeune de très grosses difficultés à l'école. Au moment d'apprendre à écrire, la maîtresse ne cessait de me punir car je ne parvenais pas à bien tenir mon stylo entre mes doigts, mon écriture était très sale, illisible, j'oubliais des mots, faisait des ratures, faisait des fautes. La maîtresse pensait que j'y mettais de la mauvaise intention, alors que c'était bien l'inverse. C'est d'ailleurs elle qui a incité mes parents à m'envoyer voir un psychologue pour enfant, pensant que j'étais handicapée mentalement. C'est ainsi qu'ils ont découvert qu'au contraire, je faisais partie de ces enfants précoces, mais que j'étais dyspraxique et dyslexique. A force d'acharnement, d'heures passées à écrire, à imiter des écritures que je trouvais belles, j'ai enfin su écrire comme je le désirais. Désormais, j'ai plein de types d'écritures, et depuis ma jeune adolescence, beaucoup de compliments à leurs sujets. Ce fut pareil pour le dessin.
  
  
  J'ai redoublé ma quatrième. A l'époque, mes parents divorçaient, j'étais en pleine crise d'adolescence, je détestais l'anglais et les mathématiques. J'avais 12 de moyenne générale, une note assez normale. Mais mon professeur d'espagnol de l'époque ne voulait pas me laisser passer dans l'année supérieure avec cet état d'esprit et ce qu'il considérait être de la fainéantise. Il a convaincu mes parents que j'étais capable de mieux, m'a fait signer un contrat dans lequel je m'engageais à remonter toutes mes moyennes et m'a fait redoubler. L'été, mon père m'a envoyé seule pendant deux semaines en Angleterre. Je ne parlais pas un mot, c'était pour me faire les pieds. Je suis revenue avec un très bon niveau, ça a été un déclic complet pour moi. Pour les mathématiques, j'ai rencontré un formidable professeur particulier de mathématiques, un peu farfelu mais absolument brillant et pédagogue, qui m'a complétement débloquée. J'ai réussi haut la main ma seconde quatrième, et n'ai plus jamais été faignante ni en difficulté de ma scolarité. Parfois, il suffit juste que des personnes croient en vous et vous apportent l'aide nécessaire pour changer complétement votre vie.

• Aidez-nous à vous connaître un peu mieux en évoquant vos passions (que vous partagerez peut-être un jour via Superprof).

  Je suis quelqu'un de créatif et de sensible. Je suis passionnée d'art. Architecture, photographie, dessin, vidéo, musique… J'adore l'Histoire et l'astronomie. J'aime beaucoup le cinéma. Je suis curieuse d'à peu près tout. Evidemment, la littérature est une grande passion. Et ce dans toutes les langues. Les langues aussi sont très intéressantes pour moi. J'écris depuis très longtemps. J'ai aussi très longtemps fait de la natation, synchronisée et normale, ce que je pourrais classer dans mes centres d'intérêts.

• Qu'est-ce qui fait de vous un Superprof (en plus d'avoir répondu à cette interview :-P) ?

  Mon intérêt pour l'autre et mon envie d'aider au mieux. Ma capacité à vraiment comprendre l'élève et l'accompagner coûte que coûte. Je suis motivée, assidue, combative et douce à la fois. J'aime transmettre l'envie, la passion, la curiosité, et j'aime donner confiance en soi, permettre de comprendre. Je suis à l'écoute, je sais être détendue quand il le faut et déterminée à d'autres moments. La connaissance est ce qui donne de la force.