Un personnage n'est pas un individu en mieux
André Malraux
Cet article est rédigé par l'auteur Thomas Louis dont le roman Les Chiens de Faïence a été publié en 2021 par les Editions de la Martinière.
Quel que soit le genre romanesque, il semble évident d'affirmer que, dans la plupart des cas, une narration romanesque, qu'elle soit réaliste ou de science-fiction, s'accompagne de héros, de personnages, qui permettent aux écrivains de tirer le fil de leur histoire.
Quasimodo, Dracula, Arsène Lupin, Jean Valjean, les noms des grands personnages de romans ne manquent pas, de Flaubert à Stephen King. Mais lorsqu'on souhaite soi-même marcher dans les pas de Maupassant, créer un personne devient un exercice périlleux, qui implique de tout maîtriser de son genre de roman, en passant par les ficelles de ses intrigues.
Car un personnage de roman, c'est un tout, un ensemble de caractéristiques qui permettent d'écrire un roman pour le lecteur. N'oublions pas qu'écrire un livre, c'est souvent pour être lu !
Pour imaginer un personnage efficace et concevoir un protagoniste qui se tient sur le papier, il n'y a évidemment aucune méthode, et écrire un roman (et encore plus écrire un héros romanesque) ne répond à aucune règle. Toutefois, on peut avoir besoin de prises pour s'y atteler.
Voici quelques conseils littéraires pour construire un personnage de roman le plus complet possible, et développer les personnages qui correspondent au genre romanesque en question.
Dissocier le personnage de roman et sa propre personne

De la fantasy au roman d'aventure, en passant par le roman classique, construire un personnage implique de savoir l'univers romanesque que l'on souhaite développer, mais aussi et surtout : de dissocier l'intrigue du roman avec ses propres goûts, et sa propre personne.
Car oui, en premier lieu, tous les écrivains ne sont pas forcément les lecteurs de leurs propres histoires. Certains auteurs excellent dans la construction d'univers romanesques historiques, alors même qu'il n'en lisent pas.
De la même manière, hormis l'autobiographie, un personnage de roman ne répond que très rarement à ce que l'on veut mettre de nous à l'intérieur. En effet, l'idée n'est pas de satisfaire son ego en faisant du personnage un personnage blond comme nous, étudiant les mêmes matières, vivant la même vie, etc.
L'idée capitale est bel et bien que le protagoniste ancre et incarne le roman avant toute chose !
Pour cela, et pour réussir à détacher ce que l'on souhaite placer dans le personnage et ce qui est utile pour que l'histoire soit efficace, il y a quelques réflexes à adopter au moment de l'écriture :
- Pourquoi ne pas faire une fiche récapitulative de tout ce que le personnage représente : physique, métier, quotidien, milieu social, etc.
- Étudier le contexte dans lequel le personnage vit : la ville, la campagne, un métier en particulier, etc. Cela permet d'incarner au mieux son regard,
- Pourquoi ne pas écrire son histoire antérieure au récit sur une feuille à part ? Une histoire qui ne serait pas vouée à être publiée, mais qui aurait l'intérêt d'être fixée dans votre esprit,
- Ne pas créer un personnage juste pour le plaisir. Chaque personne doit avoir un intérêt, et non satisfaire une simple envie.
- Etc.
Lorsqu'un personnage est proche de son propre itinéraire de vie, il est très difficile de s'en détacher. En ce qui me concerne, pour mon premier roman Les Chiens de faïence, j'ai dû longuement travailler le personnage principal, Christophe, dont le caractère se rapproche dangereusement du mien, mais qui ne pourrait en (presque) rien être comparé à moi. Un vrai tiraillement de chaque instant !
Ce dernier point peut d'ailleurs faire figure d'un véritable conseil en cours de français. Car oui, bien souvent, on le découvre chez bon nombre de personnages littéraires, certains sont des personnages attachants, tandis que d'autres n'ont aucune utilité.
Ne pas créer de personnage de roman inutilement

Qu'il s'agisse du personnage principal ou des protagonistes secondaires qui donnent du corps au schéma narratif, tous les romanciers vous le diront : faire des personnages juste pour le principe d'en ajouter n'est pas utile. C'est même contre productif, roman policier ou autre.
Car oui, au-delà d'appuyer le rôle du méchant ou d'ajouter de la prose sans but, rendre le personnage incarné, c'est avant toute chose lui donner un intérêt, un rôle dans la forme romanesque. Chaque personnage doit donc avoir un enjeu dans le déroulé de l'histoire mise en place.
Cela est, bien évidemment, remis en cause lorsqu'il s'agit d'un grand groupe de protagonistes ou d'un choix purement littéraire. Toutefois, il semble évident que, premier roman ou roman d'analyse, certains livres qui se déroulent en huis clos ne possèdent qu'un, deux, trois personnages, sans que cela trouble la lecture ou la rende moins palpitante.
En bref, le personnage de fiction, avec l'aide de cours de francais en ligne, est souvent construit en lien avec l'intérêt de l'écrivain. Les exceptions sont bien évidemment envisageables, et certains traits du personnage principal peuvent avoir besoin d'un personnage sans grande importance pour être mis en valeur. Tout est affaire de mesure !
Éviter les clichés pour construire un personnage de roman
Sur le même principe, au-delà du fait qu'il est tout à fait possible de le choisir, la plupart du temps, un personnage qui coche toutes les cases des clichés n'est pas toujours voué à être très apprécié par les lecteurs, ni très efficace pour le manuscrit.
En effet, si l'on écrit la biographie d'un boulanger, il ne sera pas étonnant de le voir cocher toutes les cases de son métier : mains pleines de farine, tenue blanche, etc. En revanche, imaginer un personnage de bourgeoise pourra se suffire aux simples actes du personnage. Dans ces cas-ci, nul besoin de lui faire adopter une jupe plissée et une coupe de cheveux laquée au millimètre, le tout englobé dans un quartier chic.
L'essentiel est selon le type de roman, d'aller dans la nuance, du début du roman jusqu'à la fin. Les personnages complexes sont souvent ceux qui procurent le plus d'émotions. Par ailleurs, si le récit romanesque du premier jet ne ressemble pas à celui de la fin après relecture, il est important que la création de personnages se fasse dans la réflexion. Des cours francais paris peuvent vous aider dans la démarche.
Et réfléchir, c'est aussi penser que quelle que soit la sorte de personnage inventée, derrière un romancier, derrière un narrateur, il y a un lecteur !
Ne pas prendre le lecteur de haut pour créer un personnage de roman
Le lecteur peut être considéré comme le personnage principal du roman, à égalité avec l'auteur, sans lui, rien ne se fait
Elsa Triolet
De la même manière que créer des personnages romanesques sur des clichés, il est important de prendre conscience que le récit littéraire est un espace de liberté le plus total, qui ne doit répondre à aucune obligation, aucune limite.
Quelquefois, les romanciers pourraient être tentés de faire entrer un protagoniste dans une case, afin qu'il soit cerné par la majorité des lecteurs. Or, ces derniers ne sont pas toujours ceux qu'on croit imaginer.
Pour l'écriture et le retravail de mon premier roman, j'ai finalement décidé de supprimer des scènes qui étaient trop évidentes pour expliquer le comportement de mon personnage. Seules ses actions en apparence communes suffisaient à illustrer sa personnalité, sans besoin d'expliciter outre mesure ! Résultat : plus de nuance dans sa construction !
De Camus à Madame Bovary, un personnage intéressant n'est pas forcément un personnage qui s'intègre à la structure du roman de façon fluide. Par exemple, il n'est pas toujours un modèle, et il peut tout à fait avoir une personnalité que l'on déteste, et être aussi simple que complexe.
En cela, qu'il soit similaire à nos valeurs ou à l'opposé, un bon personnage est souvent cet être de papier qui construit un miroir entre lui et le lecteur. Que le miroir soit positif ou négatif. Il s'agit avant toute chose de s'identifier par rapport à ce que le personnage construit dans le récit.
Nul besoin de se voir en tous points dedans pour qu'il nous plaise, donc !
Des cours de français nantes peuvent vous aider à construire votre premier personnage.
Ne pas négliger les personnages secondaires dans un roman

S'il est souvent important de ne pas insérer trop de personnages inutiles dans l'intrigue romanesque, au contraire, les personnages secondaires sont parfois importants dans le roman traditionnel. Ils permettent de donner aux personnages principaux toute leur valeur, et de donner une vue interne sur ce qui pourra advenir dans la trame narrative.
Loin d'être des faire-valoir dans la construction du roman, les personnages secondaires permettent à la fois de connaître les personnages principaux, mais aussi de débloquer certaines situations de façon occasionnelle.
Dans mon roman Les Chiens de faïence, un personnage que l'on évoque au début devient l'un des personnages principaux dans la deuxième partie du livre. En tant que romancier, il faut alors bien prendre en considération cette potentielle évolution, et travailler le personnage dès le départ dans ce cas précis.
Qu'ils soient proches ou non du héros principal, on le comprend aisément en reprenant certains des livres où les personnages sont nombreux : Harry Potter de J.K. Rowling par exemple ? Que serait la saga sans tous les personnages qui gravitent autour du trio de sorciers ? Ce sont aussi eux qui permettent au synopsis d'être aussi riche, et aux héros du roman d'aller aussi loin.
Et pourtant, ces derniers ne sont pas dénués de personnalités, et sont loin d'être creux ! Devenir écrivain, c'est tout un art !
Construire un personnage de roman : lui attribuer une langue

Inventer un personnage, on l'aura compris, c'est installer un esprit, une personnalité, afin d'écrire mon histoire. Qu'il soit du point de vue interne ou non, le narrateur effectue sa focalisation à un moment ou à un autre sur ce que pense et fait son protagoniste. C'est la raison pour laquelle dans bon nombre de types de romans, on retrouve des dialogues ou des paroles rapportées.
Ces éléments sont tout, sauf des détails. Faire parler un personnage dans un roman moderne, ce n'est pas la même chose que dans une dissertation. Faire parler des personnages, c'est lui attribuer un registre de langue, qui nécessitera par ailleurs de relire maintes et maintes fois ses propos pour être sûrs qu'ils sonnent juste.
Du vocabulaire guerrier au réalisme du milieu carcéral, certains champs lexicaux installent les personnages littéraires plus par ce qu'ils disent que par ce qu'ils font. C'est aussi pour cela que dans un roman français, on retrouve souvent des dialogues.
Registre soutenu, grossier, tics de langage, le personnage doit être comme une vraie personne, et garder la même voix tout le monde de mon roman ! Pour cela, les fiches personnages sont souvent très utiles. Elles permettent de situer le genre de personnage au fil de l'écriture d un roman.
Que l'on soit à la recherche d'un personnage de roman réaliste ou d'un groupe de protagonistes dignes de la Comédie Humaine, les influences littéraires peuvent également avoir un rôle à jouer à une petite échelle. Car oui, il convient de s'en détacher le plus possible, afin de produire une feuille de personnage la plus personnelle qui soit. L'idée n'est pas de plagier !
La création d un personnage ne répond donc à rien d'autre, sinon à l'histoire que l'on raconte, et dans laquelle il évolue. Avec tout cela, composer un personnage n'aura jamais été aussi stimulant ! Et vous, du Père Goriot au personnage attachant d'un roman enfantin, quelles sont vos figures préférées ?