Chapitres
Introduction
Boule de Suif est une nouvelle réaliste de Guy de Maupassant parue en 1880. Cette nouvelle raconte l’anecdote sordide arrivée à Boule de Suif durant la guerre de 1870. Les thèmes principaux sont la nourriture, l’argent et la guerre de 1870 qui a beaucoup marquée Maupassant.
Il est intéressant d’étudier cette nouvelle car Maupassant y montre l’hypocrisie de la haute société et du clergé. Nous allons voir dans le développement que Boule de Suif, une prostituée, apparaît bien plus respectable que les « honnêtes » bourgeois et qu’elle nous inspire la compassion. Dans cette nouvelle, Maupassant dénonce la monstruosité des êtres humains.
Le développement
Eléments perturbateurs
-diligence bloquée par le Prussien
Dynamique d’actions
-attente
-l’argumentation pour la « conspiration
-évolution des personnages
Résolution
-décision de Boule de Suif à céder au désir du Prussien
Situation finale
-Départ de la diligence.
-Boule de Suif est humiliée et pathétique
Etude du mouvement
-p.9 à 13 L’invasion des Prussiens à Rouen.
-p.22 (« des petits points… ») à p.26 La première nuit à l’auberge.
-p.26 (« Comme on avait décidé... ») à 29 L’officier allemand refuse de laisser repartir les
voyageurs.
-p.29 (« L’après-midi ») à p.30 Les voyageurs apprennent la cause du refus de l’officier.
-p.30 (« on se leva ») à p.36 Troisième jour à l’auberge début de la conspiration.
-p.36 (« le déjeuner fut tranquille ») à p.39 Quatrième journée Boule de Suif cède.
-p.39 (« le lendemain ») à la fin Cinquième jour départ de l’auberge et humiliation de Boule de
Suif.
La vitesse de narration
Les scènes (passages où la durée des événements correspond à la durée de leur représentation)
dialoguées sont nombreuses dans Boule de Suif mais ne durent jamais trop longtemps. L’un des
dialogues les plus significatifs est celui entre le comte et l’officier prussien (p.29) la froideur et le
laconisme de ce dernier soulignent le caractère bloqué de la situation.
Les sommaires sont en majorité les passages où les voyageurs conspirent entre eux pour amener
Boule de Suif à céder au chantage du prussien et ceux qui évoquent les conversations à table.
Lors du dîner du troisième jour au cours duquel la comtesse parvient à faire intervenir la
religieuse de manière décisive, Maupassant mêle la technique du sommaire à celle de la scène.
En effet, tantôt il rapporte au style direct les paroles de la religieuse, tantôt il résume au style
indirect les principaux arguments avancés par les interlocuteurs. Cela permet à Maupassant de
tirer le meilleur parti des deux techniques avec la scène, il met en valeur l’impact dramatique de
tel ou tel argument ; avec le sommaire, le narrateur prend ses distances par rapport aux
arguments et peut les présenter ironiquement en faisant ressortit l’hypocrisie des voyageurs.
Ce sont surtout les nuits qui donnent lieu à des ellipses. Dans Boule de Suif, la nuit est une
période d’évolution psychologique comme l’affirme le dicton « la nuit porte conseil ». On le voit
très clairement dans ce passage « Aussitôt le repas terminé, on remonta bien vite dans les
chambres pour ne descendre que le lendemain, qu’assez tard dans la matinée. Le déjeuner fut
tranquille. On donnait à la graine semée la veille le temps de germer et de pousser ses fruits. »
(p.36).
Il apparaît donc que la nouvelle ne comporte pas vraiment de temps morts. Même les ellipses
font avancer l’intrigue sur le plan psychologique (cours de français).
Linéarité
En cours de français, dans cette nouvelle, l’auteur ne transforme pas l’ordre des événements, ne fait pas de prolepse.
La narration suit l’ordre chronologique des faits. Il y a juste deux analepse, quand Boule de Suif
raconte la cause de sa fuite et lorsque Loiseau dit qu’il a surpris, deux nuits auparavant, Boule
de Suif et Cornudet dans le corridor. Mais ces deux exemples proviennent de la parole des
personnages, alors Maupassant n’effectue jamais directement de retour en arrière dans cette
nouvelle.
Symétrie et répétitions
Maupassant utilise les effets de symétrie et de répétition dans cette nouvelle. Par exemple, le
trajet en diligence à la fin rappelle celui du début. Mais il y a une différence majeure. Au début,
c’est Boule de Suif partage ses provisions avec les autres voyageurs, mais à la fin, celle-ci a
oublié d’en amener et les autres voyageurs ne lui en donne même pas une miette. Le parallélisme
de ces deux scènes produit un contraste choquant qui révèle la bassesse et l’ingratitude de la «
bonne » société.
D’une part, Maupassant utilise ce procédé car c’est une nouvelle réaliste et la vie quotidienne
est une répétition d’action. D’autre part, ces effets de répétition montrent que Maupassant a une
vision pessimiste de la société (cours de français en ligne).
Les personnages principaux
Les personnages de Boule de Suif représentent toute la société française. Il est clair que
Maupassant a voulu montrer les diverses classes sociales et un riche éventail de types humains.
Nous allons voir que les personnages sont associés en couple (Boule de Suif-Cornudet, les
couples mariés et le couple de religieuse)
Boule de Suif
Identité Tout le long de la nouvelle, elle est nommée par son surnom « Boule de Suif » qui fait
allusion à son physique rond et gras « suif » signifie graisse. Il faut attendre plusieurs pages
(p.23) avant d’apprendre son vrai nom qui est Elisabeth Rousset. Ce simple détail indique
qu’elle n’ait pas sa place parmi la société « honnête » car le nom est une marque de respect. Le
sien n’est prononcé que trois fois au cours de l’histoire, et en plus dans un contexte
déshonorant, puisque c’est lorsqu’on lui demande si elle accepte de céder au désir de l’officier.
Boule de Suif n’est pas qu’une prostituée de bas étage car elle a une maison à Rouen et une
domestique. Elle est plutôt une « demi-mondaine » car ses clients devaient être des bourgeois.
Elle vit donc de cet ordre social et de ses vices privés.
Elle doit fuir Rouen à cause de l’arrivé des Prussiens
Portrait physique Elle est petite, ronde de partout, grasse à lard, avec des doigts bouffis,
étranglés aux phalanges, pareils à des chapelets de courtes saucisses, avec une peau luisante et
tendue, une gorge énorme qui saillait sous sa robe, elle restait cependant appétissante et courue,
tant sa fraîcheur faisait plaisir à voir. Sa figure était une pomme pivoine prêt à fleurir, et
là-dedans s’ouvraient, en haut, deux yeux noirs magnifiques, ombragés de grands cils épais qui
mettaient une ombre dedans ; en bas, une bouche charmante, étroite, humide pour le baiser,
meublée de quenottes luisantes et microscopiques (p.16).
Portrait morale Maupassant ne la présente pas comme tout à fait stupide, elle est plutôt naïve et
inconsciente jusqu’à la dernière scène de la malveillance fondamentale des autres voyageurs.
Mais cette naïveté est la conséquence de sa nature généreuse, qui la pousse à faire confiance
aux autres, et à vouloir les aider. On le voit bien lors du premier jour de voyage, lorsqu’elle offre
toutes ses provisions à ses compagnons. Ce sacrifice n’est pas superflu pour elle tout, dans son
physique, indique une extrême gourmandise. Lorsqu’elle cède finalement à l’officier, c’est pour
satisfaire les autres voyageurs. On sent qu’elle aurait résisté jusqu’au bout si elle avait été seule.
Le prussien, qui « connaît bien la nature humaine » (p.32), l’a bien compris, et c’est pour cela
qu’il retient tous les voyageurs. Il compte sur ces êtres faibles et lâches pour faire fléchir la
généreuse et patriote fille corrompue.
Boule de Suif a un respect sincère pour la patrie, l’Eglise et le trône qui devraient normalement
représenter cette société « honnête » qui la méprise. Son patriotisme est tout à fait spontané. Elle
doit fuir Rouen car elle a agressé physiquement un militaire prussien qui était venu réquisitionner
son domicile. Cet acte montre son amour pour la France et sa haine contre l’ennemi. Cette haine
de l’occupant s’exprime aussi par une agression verbale elle demande à l’aubergiste de
transmettre son refus formel à « cette crapule, à ce saligaud, à cette charogne de Prussien »
(p.30). Elle manifeste également ses pudeurs patriotiques de manière symbolique. Lorsque
Cornudet lui demande ses faveurs, elle refuse, non parce qu’il lui déplaît, mais à cause de la
présence de l’Allemand. Enfin, lorsque l’officier fait descendre les voyageurs de la diligence,
c'est elle qui descend la dernière, voulant par ce geste défier ce militaire impertinent.
Le paradoxe le plus amusant de Boule de Suif est son respect religieux. Dans la diligence, elle
propose de la nourriture aux deux religieuses d’une voix « humble et douce » (p.19). Ce sont
également les arguments de la religieuse, habillements sollicités par Mme de Bréville, qui semblent
finalement faire céder Boule de Suif. Enfin, elle se rend à l’église et explique à ses compagnons
que « c’est si bon de prier quelquefois » (p.34). Sa piété apparaît donc sincère. Elle contraste
avec les prières mécaniques des religieuses et la religiosité hypocrite de la comtesse, qui n’hésite
pas à abuser de la religion pour pousser Boule de Suif dans les bras du prussien.
En politique, Boule de Suif est bonapartiste. Elle s’emporte violemment quand Cornudet attribue
les malheurs de la France à « cette crapule de Badinguet » (p.21). Elle exprime son mépris « les
polissons comme vous ». « Vous » s’adresse à Cornudet et aux personnes qui ont trahi
l’empereur les républicains
Son conservatisme social paraît invraisemblable car il est rejeté et marginalisé par l’ordre social
même qu’elle admire et respecte. A la fin de la nouvelle, elle se retrouve complètement à l’écart
des autres voyageurs après avoir obtenu leur libération en cédant à l’officier. Ces êtres
hypocrites et ingrats, qui « l’avaient sacrifiée d’abord, rejetée ensuite » (p.40), ne lui offre même
pas à manger. Le dernier mot de la nouvelle est « ténèbres ». Au premier degré, il s’agit bien sûr
de la nuit qui est tombée, mais symboliquement, ces ténèbres traduisent la tristesse et la solitude
de cette victime
Rôle oule de Suif est le personnage principal. Cette prostituée permet aux autres voyageurs
de quitter Tôtes. Boule de Suif symbolise la résistance contre l’occupant.
Conclusion Son personnage est construit sur une apparence contradictoire entre sa vie de
prostituée et son attachement au patriotisme, à l’Eglise et à l’empereur. C’est une victime qui
nous inspire la pitié et la compassion. Cette fille corrompue paraît bien plus honnête que les
bourgeois de la société dite « honnête ».
Cornudet
Identité Cornudet est essentiellement défini par ses opinions politiques. C’est un démocrate,
ennemi du régime impérial et de la bourgeoisie qui s’y est ralliée, d’où son surnom « Cornudet le
démoc » (p.15). A priori, il apparaît plus sympathique que les autres personnages et le fait qu’il
soit lui aussi marginal le rapproche de Boule de Suif. D’ailleurs, celle-ci s’appelle Elisabeth
Rousset et Maupassant a doté Cornudet d’une barbe rousse. L’auteur veut peut-être ainsi
symboliser le rapprochement entre ces deux personnages. Mais en définitive, Cornudet est un
faible qui trahit également Boule de Suif.
Portrait morale Maupassant insiste sur le côté vain et ridicule de Cornudet. Il est détesté la
bourgeoisie, alors qu’il est lui-même un fils de bourgeois, qui a hérité d’« une assez belle fortune
». Ses actes révolutionnaires se résultent surtout à de grands discours et sa bravoure devant
l’ennemi est assez superficiel. Il s’est contenté des pièges et dresser des barricades, pour
s’enfuir comme les autres dès que les Prussiens arrivent.
A la fin de la nouvelle, au lieu de défendre Boule de Suif et d’affronter directement les bourgeois
qui la laisse pleurer dans son coin, il se contente de les narguer en chantant La Marseillaise. Ce
chant exprime un patriotisme révolutionnaire. D’une part les fiers couplets font honte aux
bourgeois de leur lâcheté, et d’autre part, ils leur lancent un défi d’extrême gauche. Mais ce défi
ne satisfait que l’amour-propre de Cornudet car il ne fait rien pour changer la situation de Boule
de Suif. La vanité de son patriotisme se remarque lorsqu’il considère celui de Boule de Suif d’un
air fier et un peu dédaigneux. Lorsque Maupassant dit « Les démocrates à longue barbe ont le
monopole du patriotisme comme les hommes en soutane ont celui de la religion » (p.21), il veut
montrer que la foi républicaine de Cornudet est aussi hypocrite et présomptueuse que la foi
religieuse du clergé.
Cornudet montre peu de solidarité envers Boule de Suif sans doute parce qu’elle a refusé ses
avances. Celle-ci, en effet lui refuse l’entrée de sa chambre par « pudeur patriotique ».
Autrement dit, la femme « facile » ne veut pas se prostituer en présence de l’occupant prussien.
Lorsque Cornudet déclare aux voyageurs qu’ils ont commis une « infamie » en poussant Boule
de Suif dans les bras de l’Allemand, Loiseau comprend qu’en fait Cornudet est jaloux. Même si
c’est le jugement d’un personnage vulgaire et méprisable, il ne manque pas d’une certaine
vraisemblance. Malgré son sentiment de supériorité morale, Cornudet est certainement aussi
égoïste que les bourgeois qu’il haït.
Rôle C’est un révolutionnaire patriotique qui ne fait rien pour défendre Boule de Suif car il est
lâche
Conclusion Cornudet est un révolutionnaire patriotique qui déteste la bourgeoisie, mais il
n’aide pas Boule de Suif à cause de sa lâcheté et de sa jalousie
Les couples de la « bonne » société
Nous allons voir les couples qui forment la « bonne » société par ordre croissant de niveau
social. Nous allons commencer par le moins raffiné de ces ménages, les Loiseau.
Les Loiseau
Identité de M. Loiseau Contrairement à M. Carré-Lamandon qui est un grand bourgeois dans
l’âme, Loiseau est un homme du peuple, sans dignité ni éducation. C’est seulement sa réussite
financière qui l’a rangé du côté des bourgeois, il n’est en fait qu’un « parvenu ».
Portrait morale de M. Loiseau On voit lors du dîner final, son goût pour les plaisanteries
sexuelles. Cela révèle sa nature vulgaire. On remarque aussi qu’il ne sait pas se tenir, il est le
premier à crier famine dans la diligence. C’est le seul moment de la nouvelle où il se montre
amical. En effet il exprime sans honte cette faim que tous les autres voyageurs ressentent, et son
côté simple, qui contraste avec l’attitude hautaine des autres bourgeois, l’amène à accepter la
nourriture et le rhum que les autres dédaignent.
Maupassant insiste sur sa bassesse morale. Même ses amis le considèrent comme un « fripon
madré ». Le vin qu’il vend est plusieurs fois qualifié de médiocre. Il n’a aucun scrupule
patriotique, et compte bien exiger au Havre le paiement, par l’armée française, de l’infâme
piquette qu’il lui a vendue.
Il se montre particulièrement bas lorsque, bouillant de rage et d’impatience devant le refus de
Boule de Suif, il propose aux voyageurs de la livrer « pieds et poings liés » à l’officier prussien.
La ruse et la malhonnêteté font à ce point partie de son caractère qu’il ne peut s’empêcher de
tricher aux cartes avec la complicité de son épouse.
Portrait morale de Mme Loiseau Sa femme est d’un caractère aussi méprisable que lui, bien
qu’elle soit différente. Si M. Loiseau est, dans ses meilleurs moments, bon vivant et convivial,
Mme Loiseau est dure et sèche. Son « âme de gendarme » (p.32) ne comporte pas un atome de
générosité ni d’humour. On le voit bien quand son mari, par plaisanterie, dit aux voyageurs, que
sa faim est telle qu’il paierait cent francs pour un simple jambonneau. Mme Loiseau a un geste
de dépit car elle est tellement avare qu’elle ne comprend les blagues au sujet de l’argent. Sur un
point, elle lui ressemble elle est aussi peu scrupuleuse que son époux, et s’entend très bien avec
lui pour tricher aux cartes (p.29).
Portrait physique des Loiseau La différence de caractère entre ces deux époux se reflète dans
leur physique alors que Loiseau est petit, gras et rougeaud, sa femme est grande et tout son
corps n’est qu’une « dure carcasse » (p.26).
Rôle Les Loiseau participent à la « conspiration » pour faire capituler Boule de Suif.
Les Carré-Lamandon
Identité et portrait morale M. Carré-Lamandon Plus riche que les Loiseau, les
Carré-Lamandon sont aussi, comme dit Maupassant, d’une « caste supérieure ». Ce sont de «
vrais » bourgeois, avec toute l’éducation et la tenue que ce statut implique. Mais là encore, ce
n’est qu’une apparence.
Industriel normand, riche et respecté, M. Lamandon-Carré est un homme qui vit constamment
dans l’hypocrisie. Durant le régime impérial, il a fait figure d’opposant politique, mais, comme
nous ledit Maupassant, c’est uniquement pour se faire « payer plus cher son ralliement » (p.14).
Il n’a donc pas de véritables et honnêtes convictions politiques. Son seul intérêt est l’argent et le
prestige social.
Cette absence de convictions entraîne chez lui de flagrantes contradictions internes. Si, d’une
part, il admire le panache militaire, ce grand commerçant déplore, d’autre part, que l’armé coûte
aussi cher à l’Etat, et emplois de manière « improductive » quantité de bras que l’on pourrait
utiliser pour « de grands travaux industriels » (p.25). A travers lui, Maupassant critique
l’ambiguïté idéologique de la grande bourgeoisie marchande.
Mme Carré-Lamandon L’auteur décrit Mme Carré-Lamadon comme jeune et jolie. Elle
montre beaucoup de dédain à l’égard de Boule de Suif mais elle n’est guère plus vertueuse que
la prostituée. En effet, la « jolie Mme Carré-Lamandon » est « la consolation des officiers de
bonnes familles envoyées à Rouen en garnison » (p.15). Cette phrase en dit long. Elle trompe
probablement son mari, qu’elle n’a sans doute épousé que pour son argent, avec des hommes
plus jeunes que lui. En plus, sa faiblesse pour les jeunes officiers est confirmée quand elle dit que
l’officier prussien lui paraît « pas mal du tout » (p.32), et c’est là de sa part un jugement de «
connaisseur ». Malgré sa façade de respectabilité bourgeoise, elle est aussi légère, sinon plus,
que Boule de Suif.
Rôle Ils représentent la bourgeoisie commerçante. Ils participent à la débauche de Boule de
Suif.
Après la petite puis la grande bourgeoisie, Maupassant nous présente, avec le comte et
la comtesse de Bréville, le plus haut niveau social, celui de l’aristocratie.
Portrait morale du comte Ces nobles sont aussi hypocrite et lâche que les bourgeois. Malgré sa
noblesse, M. de Bréville n’a pas de courage et d’honneur. Maupassant nous le présente comme
un « diplomate », il est issu de « trois générations d’ambassadeurs » (p.52). Ce trait, qui n’est
pas négatif en soi, équivaut, chez le comte, à une attitude lâche et soumise. Loin d’approuver le
courage de Boule de Suif, il encourage celle-ci à céder au prussien car « il ne faut jamais résister
au plus forts » (p.23). Cette lâcheté érigée en philosophie est d’autant plus méprisable que le
comte se vante d’être un descendant de Henri IV, à qui il s’efforce même de ressembler
physiquement. Mais la seule marque de supériorité que possède le comte est le contrôle qu’il a
de lui-même, et de son esprit d’initiative. C’est lui qui s’impose naturellement comme la tête de
la « conspiration » destinée à faire fléchir Boule de Suif. Il possède également l’art de la parole,
que ce soit pour parler à l’officier prussien, à ses compagnons ou à Boule de Suif, il sait toujours
employer les mots et le ton adapté à la situation. Mais il n’est qu’un homme de discours. Chez
lui, la noblesse n’est que forme et apparence.
Portrait morale de la comtesse La comtesse excelle aussi dans l’art de paraître. Elle a « grand
air », comme le précise Maupassant, ce qui lui a permis, bien qu’elle soit noble de naissance,
d’être acceptée par l’aristocratie normande. Vis-à-vis de Boule de Suif, elle sait se montrer
aimable, mais cette attitude trahit avant tout de la condescendance et un énorme complexe de
supériorité.
Comme le comte, elle a le sens de l’initiative, et c’est elle qui a l’idée d’utiliser des arguments
tirés de la religion pour faire céder Boule de Suif. Très rusé, elle amène la religieuse à dire que
Dieu serait tout disposé, vu les circonstances, à pardonner à Boule de Suif son « péché ». Cette
grande dame, comme les autres, finit par s’amuser « comme une folle » des plaisanteries
obscènes de Loiseau, lors du dîner final (p.38).
Rôle Ils représentent l’aristocratie et il participe aussi à la débauche de Boule de Suif.
Conclusion
Ces couples qui représentent la « bonne » société apparaît bien moins respectueux que Boule de
Suif qui est une prostituée. Ils sont hypocrites, lâches, insolents, égoïste et dénués d’honneur et
de vrai patriotisme. Cela montre que leurs valeurs ne sont qu’une apparence car ils sont en
réalité méprisable. Il y inversement des valeurs dans cette nouvelle.
Les deux religieuses
A travers les deux religieuses, Maupassant fait une caricature de l’hypocrisie et de la dévotion à
la religion. Il devait mettre des personnages du clergé dans la nouvelle car la religion officielle set
de base idéologique et de justification à la domination des classes supérieures qui sont
représenter par les trois couples. C’est la « bonne » société qui a « de la Religion et des
Principes » (p.15).
La plus âgée des religieuses est présentée comme très masculine, alors que la plus jeune, sa «
chère sœur Saint-Nicéphore » est « mignonne » (p.35) et fragile, d’un aspect maladif. Elles
forment donc presque un couple. Elles ressemblent à des automates et semblent déshumanisées
lorsqu’elles récitent leur prière. Elles ont des réflexes d’esclaves lorsque le prussien fait
descendre les voyageurs de la diligence, elles descendent en première, en « saintes filles habituée
à toutes les soumissions » (p.22). La plus âgées des deux est très masculine car elle a passé sa
vie dans l’armée à soignant les blessés sur le champ de bataille. C’est « une vraie bonne sœur
Ran-tan-plan » (p.36), elle a une âme de soldat.
C’est elle qui achève de vaincre la résistance de Boule de Suif en affirmant qu’un péché est vite
pardonné s’il est accompli pour des motifs louables. Sa philosophie morale est très habile.
L’officier prussien
L’officier est un symbole de la « goujaterie naturelle du militaire victorieux » (p.29). Toute son
attitude est caractérisée par la tyrannie arbitraire. Il ne prend même pas la peine d’expliquer son
refus « che ne feux pas…foilà tout » (p.29). Maupassant fait de lui une caricature impitoyable.
Il imite son accent allemand. Physiquement, l’officier est ridiculement guindé, il est serré dans
son uniforme « comme une fille dans son corset » et sa moustache est « démesurée » comme
son arrogance (p.22).
Les aubergistes
Le couple de Follenville, qui sont les aubergistes de Tôtes, sont la caricature des petits
bourgeois issus du peuple, sans grande éducation comme les Loiseau. D’ailleurs Loiseau
sympathise avec eux. Mais ils sont plus sympathiques que les Loiseau car ils n’ont pas de
prétentions. Le « bon sens » paysan de Mme Follenville, lorsqu’elle confie aux voyageurs son
opinion sur la guerre et l’armée prussienne, impressionne M. Carré-Lamandon. Il se peut que
Maupassant exprime son propre point de vue à travers elle
En revanche, le gros Follenville est assez lâche et la franchise avec laquelle sa femme parle à des
étrangers l’inquiète. Il lui conseille à plusieurs reprises de se taire. D’autre part, il joue le rôle du
messager de l’officier prussien quand il demande à Boule de Suif de la part de celui-ci si elle
veut bien céder à son chantage. Cela le rend passivement complice du vainqueur tyrannique. Il
ne se préoccupe pas du malheur de la France et de l’infortune de Boule de Suif, tout ce qui
l’intéresse, c’est de préserver son auberge et ses intérêts personnels. A cet égard, il appartient
bien à la même catégorie que Loiseau, Carré-Lamandon et Bréville.
Il y a les soldats, le cocher et le bedeau de Tôtes.
Maupassant ne se prive pas de critiquer les soldats de l’armée française peu glorieuse. Malgré
leur défaite, ils sont toujours orgueilleux. Un an plutôt, ils se montraient aussi arrogant que les
prussiens vis-à-vis des Rouennais. Les officiers sont des « fanfarons ». Quand eux simples
soldats, ils ont des « airs de bandits » (p.9) et sont des « pillards débauchés » qui font plus peur
à leurs propres officiers qu’à l’ennemi. Ils sont incompétents sur le plan militaire.
Par contraste, les Prussiens ont l’apparence d’une armée puissante et disciplinée, mais ces
qualités les déshumanisent. Ils ne sont pas des individus, mais une simple « masse noire » et des
« flots envahisseurs » (p.10)
Le cocher est un personnage passif qui obéit sans poser de questions lorsqu’on l’interdit de
repartir de Tôtes
Le bedeau est décrit ironiquement comme les deux religieuses par Maupassant. Cela prouve
l’antipathie de Maupassant pour l’Eglise Ce « vieux rat d’église » admire sans réserve les
soldats allemands. (p.27). Il utilise le même argument que Mme Follenville « ce sont les
grands qui font la guerre » (p.27). A ses yeux, les soldats ennemis sont des victimes de leurs
dirigeants, autant que les Français occupés. Cette attitude conciliante vient de sa bêtise et de sa
lâcheté.
Les thèmes principaux
Les thèmes principaux sont l’argent, la nourriture, la guerre, le réalisme, l’argumentation et
l’hypocrisie.
L’argent
L’argent joue un rôle capital dans cette nouvelle car c’est une satire des classes supérieures de
la société. Quoique très différents par leur éducation et leurs opinions politiques, Loiseau,
Carré-Lamandon et Bréville sont unis par l’argent.
L’argent les rend « frères », même s’il n’y a aucune fraternité entre eux. Ces trois homme unis
par « un instinct conservateur », constituent une alliance anormale, car pendant la révolution
(environ 80 ans plus tôt), ils auraient été ennemis. En effet, le comte représente l’aristocratie et
les deux autres la bourgeoisie commerçante.
Maupassant prouve que les idées et les valeurs de chaque classe sont secondaires par rapport à
la fortune, qui est la seule véritable distinction des individus. Ils appartiennent tous les trois à « la
grande franc-maçonnerie de ceux qui possèdent » (p.17). Leur richesse provient de sources
différentes. Loiseau s’est enrichi par le commerce, Carré-Lamandon par l’industrie, et le comte
par héritage.
Maupassant nous présente des attitudes différentes par rapport à l’argent. Cornudet est le plus
généreux, il a dépensé son argent pour ses amis républicains. A l’opposé, Mme Loiseau est
d’une extrême avarice, et ne supporte même pas que l’on plaisante de l’argent. Son mari est
plus généreux car c’est lui qui offre le champagne lorsque les voyageurs célèbrent la capitulation
de Boule de Suif (p.37). Entre ces deux extrêmes, M. Carré-Lamandon donne l’image d’un
gestionnaire prudent comme il convient à un homme d’affaire respectable. Il a constitué un
capital au cas où la guerre l’oblige à se réfugier en Angleterre.
Conclusion Maupassant présente la bourgeoisie normande comme très lâche et très avare. «
Emasculés par le commerce » (p.10), les Rouennais n’osent refuser de payer le tribut de guerre
qu’exigent les prussiens. Mais plus ils sont riches, plus ils souffrent de voir leur argent passer
entre les mains des vainqueurs.
La nourriture
Les repas sont importants dans Boule de Suif parce qu’ils rythment le temps de l’histoire et
parce qu’ils constituent le lien social entre les personnages.
La nourriture comme un lien social
Ce sont en effet les repas qui permettent aux voyageurs de communiquer. Pendant le voyage en
diligence, c’est la faim qui pousse les voyageurs à parler de nourriture. Plus tard, quand Boule
de Suif partage ses provisions avec eux, ils se sentent obliger de lui parler, malgré le mépris
qu’ils éprouvent pour elle. Maupassant insiste beaucoup sur ce 1er repas en diligence pour
installer un contraste frappant avec le repas final où les voyageurs très ingrats dégustent leurs
repas froids, sans en offrir à la malheureuse Boule de Suif, qui a oublié d’emmener des
provisions.
A l’auberge, c’est au cours des repas, que les voyageurs argumentent pour pousser Boule de
Suif à céder au caprice du prussien. Les repas en commun forment un idéal pour leur entreprise,
ils parlent autour de la table sans s’adresser à Boule de Suif en particulier. Cette technique est
très efficace car elle permet d’influencer la courtisane sans pour autant la heurter de front.
Boule de Suif comparé à de la nourriture
Symboliquement, Boule de Suif est de la nourriture car elle est comparée à un objet à
consommer quand ils la livrent « en pâture » à l’officier. Le narrateur compare son corps à
divers produits cosmétiques. Elle est « grasse à lard » et « appétissante ». Ses doigts sont pareils
à « de courtes saucisses ». Sa figure ressemble à « une pomme rouge » (p.16). La métaphore de
Boule de Suif comparée à de la nourriture est confirmée par l’une des plaisanteries de Loiseau
qui propose de manger de « manger le plus gras des voyageurs ». Ces comparaisons enlèvent
toute dignité à cette victime, que l’on traite comme un objet à consommer.
La guerre
Maupassant consacre les premières pages de son récit à une description très réaliste de la
guerre.
Au niveau métaphorique, toute la « conspiration » des voyageurs pour amener Boule de Suif à
céder au désir du prussien est comparée à un combat militaire. On le voit bien dans ce passage
« Chacun convint du rôle qu’il jouerait, des arguments dont il s’appuierait, des manœuvres qu’il
devrait exécuter. On régla le plan des attaques, les ruses à employer, et les surprises de l’assaut
pour forcer cette citadelle vivante à recevoir l’ennemi dans la place (p.33)
Cette métaphore est continuée jusqu'à la capitulation de cette « citadelle vivante » qu’est Boule
de Suif. Les arguments de la religieuse font « brèche » (p.35) dans sa résistance. Cette
résistance est comparée au rempart d’une forteresse qui s’effondre sous les coups de l’ennemi.
Cette métaphore de la guerre est ironique car ces lâches, qui s’abaissent devant l’ennemi en
réalité, deviennent des stratagèmes quand il s’agit de s’attaquer à plusieurs à Boule de Suif qui
est une malheureuse isolée.
Enfin le « viol » de Boule de Suif est un symbole du « viol » de la France par les prussiens. Ce
mot paraît peut-être exagérer car Boule de Suif se rend d’elle-même mais c’est à cause de la
violence morale qu’elle subit. On voit bien qu’à la fin, Boule de Suif offre l’image d’une femme
violée car elle est « troublée, honteuse » et se sent « souillée par les baisers de ce Prussien »
(p.39).
Le réalisme
Boule de Suif est une nouvelle réaliste car l’histoire est située dans l’Histoire (la guerre de
1870) et le cadre géographique est fidèle. Ce n’est pas un hasard si Maupassant a choisi la
Normandie parce que c’est sa région natale qu’il connaît très bien et toutes les localités citées
(Rouen, Dieppe, Tôtes) pourraient très bien constituer, en réalité, les étapes d’un voyage en
diligence.
Rien dans cette nouvelle n’est invraisemblable ou irrationnel. Les événements s’y déroulent dans
un ordre logique et les actions de chaque personnage y sont justifiés par des mobiles précis et
intelligibles. Par exemple, nous savons pourquoi les voyageurs ont quitté Rouen. Boule de Suif
fuit pour sa sûreté car elle a agressé un militaire prussien et elle risque donc de se faire arrêter.
Ce détail explique peut-être pourquoi c’est à elle que l’officier prussien demande les faveurs.
Quand il a vérifié l’identité des voyageurs, il a su qu’elle s’appelait Elisabeth Rousset comme la
femme que recherchent ses compatriotes à Rouen. Il sait que Boule de Suif risque de recevoir
une punition sévère et conclut que la peur l’amènera à se donner à lui. En plus, il sait peut-être
que c’est une femme galante. Ainsi les causes de la conduite du prussien sont expliquées.
Il y a de nombreuses descriptions. Les personnages et les lieux sont décrits en détail. Les
individus sont définis par rapport à leur milieu social, leur profession et leur place dans la société.
Chaque personnage représente un échantillon d’un type social.
L’argumentation
Les voyageurs argumentent pour pousser Boule de Suif à capituler. Ils vont utiliser quatre
stratégies la flatterie, les exemples héroïques, l’argument religieux et de la charité.
Conclusion
Dans cette nouvelle réaliste, Maupassant a une vision pessimiste de la société. Il dénonce la
bassesse de la « bonne » société qui est égoïste, lâche, hypocrite et sans honneur et sans aucun
sens patriotique. La crise qu’ils viennent de subir n’a pas changé leur caractère. Quant à Boule
de Suif, elle est toujours aussi exclue et méprisée à la fin qu’elle l’était au début malgré son
sacrifice. Cela montre que le niveau social ne fait pas la valeur morale. Boule de Suif apparaît
bien plus respectable que la société dite « honnête ». Nous voyons bien que Maupassant est
pour Boule de Suif et qu’il cherche à nous faire ressentir la compassion pour cette marginale qui
est pathétique. Cette nouvelle ressemble à La Folle.
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Merci beaucoup!
L’analyse est simple ce qui permet de comprendre facilement
Toute les bien merci pour le résumé.
Super, pour un collégien qui veut résumer l’histoire! Merci!
Très bon travail !!! j’ai eu l’impression de relire l’oeuvre.
Tres bon travail, merci infiniment !
super merci pour ce travail de qualité
Moi qui en general ne s interresse aucunement à littérature boule de suif me plais car étant pour l empereur jm cette epoque
Je pense acheté un document de lecture prpchainement merci à vous