Chapitres
Présentation de l'auteur
Guy de Maupassant naît en 1850. Ses parents divorcent alors qu'il n'a que 11 ans et il connaît une enfance plutôt malheureuse. Il combat dans la guerre franco-prussienne puis étudie le droit à Paris.
D'origine normande, Maupassant, fonctionnaire à Paris, mène une vie agitée après la guerre de 1870. Flaubert le forme, le présente à Zola et lui donne l'occasion de collaborer à divers journaux.
En 1880, le groupe d'écrivains naturalistes réuni autour de Zola dans sa maison de Médan publie un recueil, Les Soirées de Médan, auquel Guy de Maupassant participe avec sa nouvelle « Boule de suif », qui rencontre un vif succès.
Il publie son premier roman, Une vie, en 1883. Trois ans après Bel-Ami (1885), Maupassant place en exergue de Pierre et Jean un essai sur « Le roman », où il défend la nécessité de représenter le réel avec vérité mais aussi avec originalité.
Son œuvre, d'une incroyable fécondité, lui assure rapidement célébrité et fortune. Cependant, vers la fin des années 1880, sa santé se détériore. Notamment atteint de syphilis, il meurt le 6 juillet 1893 dans la démence.

Résumé de Pierre et Jean par chapitre
Chapitre I
Le roman s'ouvre sur une partie de pêche en mer rassemblant le père Roland, sa femme, Madame Rosémilly (une amie du couple) ainsi que leurs deux enfants : Pierre, l'aîné, et Jean.
Les deux garçons ont une attirance pour l'amie de leurs parents, mais celle-ci semble accorder sa préférence à Jean. Le cadet, du reste, est le préféré de la famille, que l'on juge plus responsable que son ainé.
Lorsque la famille Roland rentre dans leur maison du Havre, ils apprennent que le notaire doit leur rendre visite dans la soirée. Intrigués, ils spéculent sur le motif de sa venue, jusqu'à ce que l'homme arrive et leur apprenne que Jean est l'héritier de l'un des amis de la famille, Monsieur Maréchal, tout juste décédé.
Le père se réjouit de la nouvelle, tandis que la mère s'inquiète de voir son deuxième fils lésé.
Chapitre II
Pierre se promène dans les rues havraises jusqu'au port. Arrivé là, il croise son frère Jean, à qui assure son plaisir de le voir hériter.
Continuant sa promenade, un peu désoeuvré, il décide de rendre visite à l'un de ses vieux amis, pharmacien. Ils partagent un verre, durant lequel Pierre annonce à son compagnon que son frère vient d'hériter. Le pharmacien s'étonne que son ami ne profite pas lui-même de l'héritage, et y trouve des motifs d'inquiétude.
Chapitre III
Pierre décide de faire fortune par son travail de médecin.
Il trouve un appartement pour lui servir de cabinet. Mais sans argent, il est incapable de verser le premier loyer. Il a alors l'idée de trouver une femme qui pourrait l'entretenir. Séduisant une serveuse, à qui il parle de son frère et de son héritage, elle s'étonne de ne voir entre eux aucune ressemblance physique.
Cette remarque lui rappelle l'étonnement de son ami pharmacien et lui fait comprendre que, peut-être, son père ne serait pas celui de Jean. Il s'effraie tout à coup du potentiel scandale que l'héritage s'apprête à causer.
En rentrant à la maison familiale, il trouve tout le monde sa famille ayant commencé à manger sans lui. Voulant prendre son frère à part, pour entamer une discussion au sujet des doutes qui l'ont pris, il s'irrite de ne pas en trouver l'occasion.
A la fin du repas, il apprend par ailleurs que Maréchal, le donateur, était un « fidèle ami ».
Chapitre IV
Pierre ne peut se défaire de ses doutes, toujours travaillé par l'idée que Maréchal pourrait être le véritable père de son frère.
Une nouvelle fois chez lui, il apprend que sa mère a loué pour Jean l'appartement qu'il voulait prendre pour en faire son cabinet de médecin. En colère, il sort faire une promenade, cherche des solutions à son inquiétude. Ne trouvant rien, il imagine partir à l'étranger mais, sans argent, cette idée lui paraît vite irréalisable.
Où trouver un bon professeur de français ?
Chapitre V
La nuit suivante, Pierre est réveillé par ses angoisses, preuve que la situation lui devient de plus en plus insupportable.
Au petit matin, il décide d'aller passer la journée à Trouville. Mais avant cela, il se souvient qu'un petit médaillon représentant Maréchal était auparavant exposé dans le salon familial. Il va alors trouver sa mère, dans sa chambre, pour demander à le voir, proposant de l'offrir à son frère en guise de souvenir. Mais sa mère lui répond ne pas se souvenir où le médaillon se trouve.
En rentrant de son excursion, durant laquelle il n'a cessé de penser, il sollicite à nouveau sa mère pour savoir si celle-ci a retrouvé l'objet qu'il convoite. Elle répond par la négative, et c'est son père qui, finalement, lui indique qu'il se trouve dans le secrétaire, où sa femme l'aurait laissé voilà quelques jours.
Gênée, la mère va chercher le portrait, qu'elle tend à son fils. Pierre y voit d'emblée quelques traits de ressemblance avec Jean et sa mère perçoit ses soupçons. A l'annonce de la venue imminente de Madame Rosémilly, Pierre s'effraie qu'elle puisse y voir le même air de famille, et cache lui-même le médaillon.

Chapitre VI
Madame Roland se trouve de plus en plus mal, souvent prise de malaises. Quant à Pierre, la famille ne le voit plus qu'aux moments des repas, tandis que Jean, lui, est installé dans son nouvel appartement.
Pour fêter l'emménagement, le cadet organise une partie de campagne. Lors de celle-ci, il avoue à Madame Rosémilly son amour pour elle, et la demande en mariage. Celle-ci accepte et, dès lors, Jean s'empresse d'annoncer la nouvelle à sa mère, restée à l'écart avec Pierre, lequel se montre de plus en plus colérique à l'égard de celle-là.
Chapitre VII
A leur retour, la famille se retrouve chez Jean dans son nouvel appartement. Le lieu est aménagé avec beaucoup de faste, et tout le monde, à l'exception de Pierre qui ne décolère pas, est émerveillé.
Plus tard, alors que le père Roland et Madame Rosémilly sont partis, Pierre et Jean se disputent. L'ainé annonce alors à son frère ce qu'il croit savoir : Maréchal est son véritable père ; et il quitte les lieux.
Jean, resté seul avec sa mère, est abasourdi. Alors, Madame Roland lui avoue la vérité : Maréchal est bien son père, un homme qu'elle a aimé pendant plus de dix ans. Emplie de honte, elle lui annonce du même coup qu'elle va partir. Mais Jean refuse et lui promet de la protéger de la colère de Pierre.
Chapitre VIII
Jean se met à chercher des solutions.
Il décide d'abord d'accepter l'héritage de Maréchal. En contre-partie, il renoncera à la totalité de l'héritage que laisser le père Roland. Enfin, il cherche à éloigner Pierre, en lui parlant de la possibilité de s'engager comme médecin sur un transatlantique pendant deux ans, poste bien rémunéré. Son frère saisit l'occasion, annonçant qu'il partira le mois suivant.
Plus tard, Jean et sa mère rendent visite à Madame Rosémilly, et les fiancés annoncent leur mariage prochain. La mère Roland offre alors le médaillon de Maréchal à son fils.
Chapitre IX
Pierre, qui a été accepté sur le transatlantique, se prépare, avec mélancolie, à partir. Le jour du départ, sa famille vient lui faire ses adieux dans sa cabine. Pierre et sa mère manifestent une grande tristesse.
Sur le chemin du retour, la mère de Jean annonce au père Roland que leur fils cadet va épouser Madame Rosémilly : il accueille la nouvelle avec bonheur, et donne sa bénédiction.
Les personnages principaux
- Pierre Roland : c'est un homme brun de trente ans, nouvellement diplômé de médecine. Il est jaloux de son frère Jean, que sa famille aime mieux. La nouvelle du testament va l'engager dans une enquête sur sa famille, nourrie par son ressentiment.
- Jean Roland : homme blond de 25 ans, il n'a pas de ressemblance avec son frère. Pour cause, il est né d'une liaison entre Louise Roland (mère de Pièrre) et Léon maréchal. Il est diplômé en droit et se destine à être avocat. Décrit comme un homme calme et réservé, il est aux antipodes des doutes qui caractérisent la personnalité de Pierre. Il finit par épouser Madame Rosémilly.
- Louise Roland : mère de la famille Roland, elle vit depuis des années dans le mensonge. La mort de son ancien amant Maréchal va bouleverser sa vie tranquille et l'obligera à avouer l'adultère et l'identité du vrai père de Jean.
- Gérôme Roland : père de la famille Roland, il était bijoutier à Paris et vit maintenant de ses rentes. C'est un homme banal, qui nourrit une passion pour la pêche, raison pour laquelle il s'est installé au Havre. Il ignore tout de l'adultère de sa femme et restera dans l'ignorance.
- Léon Maréchal : il meurt au début du livre, mais sa présence lévite au-dessus des autres personnages tout au long de l'histoire. C'est un ancien client de la bijouterie familiale, et c'est ainsi qu'il deviendra l'amant de Madame Roland. Son testament provoquera le délitement de la famille.

Pistes d'analyse
L'hypocrisie bourgeoise
Dans Pourquoi lire les classiques (Le Seuil, Paris, 1993), Italo Calvino explique au mieux la situation initiale perturbée par la nouvelle du testament de Maréchal :
« Le testament inattendu d’un ami de la famille, défunt, fait exploser la rivalité latente de deux frères, Pierre, le brun, et Jean, le blond, à peine diplômés l’un en médecine et l’autre en droit ; pour quelle raison l’héritage va-t-il tout entier au placide Jean et non à Pierre, le tourmenté ? En famille, à part Pierre, personne ne semble se poser ce problème. Et Pierre, de question en question, de colère en colère, renouvelle la prise de conscience d’un Hamlet, d’un Œdipe : la normalité et la respectabilité de la famille de l’ex-bijoutier Roland n’est qu’une façade ; la mère au-dessus de tout soupçon était une femme adultère ; Jean est le fils adultère et c’est à cela qu’il doit sa fortune ; la jalousie de Pierre n’est plus maintenant ressentie à cause de l’héritage de la mère et de son secret ; c’est la jalousie que son père n’a jamais songé à savoir qui dévore à présent le fils ; Pierre a, de son côté, la légitimité et la connaissance, mais autour de lui le monde vole en éclats. »
Un roman sur la conscience...
Le roman se concentre sur les errements de Pierre, incessamment travaillé par ses doutes. En utilisant la focalisation interne, Maupassant rapproche un maximum son lecteur de son personnage : la vie intérieur de Pierre est bien l'objet central de la narration.
Le roman est, en cela, « une étude psychologique », qui fait voir différentes étapes pour l'esprit de Pierre :
- le fait perturbateur : l'héritage
- le temps des soupçons : les témoignages de la serveuse et du pharmacien provoquent les premiers doutes
- la traque des indices : Pierre fouille dans sa mémoire, scrute les gestes de sa mère, s'inquiète des propos de son père
... et sur l'inconscient
Pierre et Jean, en analysant la conscience du frère ainé, laisse voir également les déterminismes de l'inconscient. Plus Pierre avance dans sa traque de la vérité, plus il sent qu'il lui faut aller au-delà de la réflexion, pour s'abandonner à sa « seconde âme indépendante et violente ».
On retrouve alors des problématiques similaires à celles du Horla, avec la question du « double ». Pierre est ainsi progressivement dépossédé de lui-même, pris par une étrange puissance qui le font agir et dire sans qu'il puisse rien maîtriser.
Ainsi fera-t-il souffrir sa mère, par son attitude colérique et agressive, jusqu'à devenir une bête soumise à « une de ces folies de rage qui font commettre des crimes. »
Echec et culpablité
Au-delà du problème de la jalousie, Maupassant fait voir, avec Pierre, un héros confronté à la culpabilité. Pierre, bien qu'il soit le fils légitime, échoue sur tous les plans : professionnellement, financièrement et sentimentalement. C'est Jean qui, au contraire, réunit toutes les réussites.
Pierre est toujours la victime, l'exclu du trio : Madame de Rosémilly choisit l'amour de Jean plutôt que le sien ; sa mère a plus d'attentions et de points communs avec Jean ; etc.
Ainsi, la narration suit cette marginalisation. Alors qu'il était au centre de la narration (et de la vision) dans les premiers chapitres du roman (jusqu'au chapitre VI), les dernières parties le font voir de plus en plus en marge. La fin du roman matérialise, dans la diégèse, cette exclusion : c'est bien lui, et non Jean, qui quitte la famille.
Maupassant fait voir jusque dans ses formulations le processus d'effacement de l'ainé. Ainsi de la dernière phrase du roman :
Comme ils allaient quitter le quai et prendre le boulevard François Ier, sa femme se retourna encore une fois pour jeter un dernier regard sur la haute mer ; mais elle ne vit plus rien qu’une petite fumée grise, si lointaine, si légère qu’elle avait l’air d’un peu de brume.

La préface de Maupassant sur « Le roman »
Pierre et Jean est également connu pour sa préface, où Guy de Maupassant théorise sa vision du « roman réaliste ».
Si l'auteur affirme qu'il est vain de chercher une définition abstraite et unique du roman, en raison de ses formes trop diversifiés, il met cependant au jour deux points primordiaux :
- la liberté de l'artiste face à la critique
- la recherche de « l'illusion réaliste »
Ainsi, en premier lieu, les auteurs devraient pouvoir, selon Maupassant, tenter les formes romanesques qui les attirent, sans considération pour la critique. L'écrivain doit avant tout suivre son tempérament, sans se laisser influencer par les attentes :
« L'artiste doit être libre de comprendre, d'observer, de concevoir ce qui lui plaira. »
Dans un second temps, Maupassant démontre que le roman n'est pas une imitation fidèle de la réalité. C'est une reconstruction par des mots, des personnages et une histoire : « La vérité dans la vie diffère de la réalité dans [le] livre. » Tout roman procède d'un choix, réalisé par l'auteur, en fonction de ce qu'il veut démontrer. Car le but du romancier est de forcer le lecteur « à penser, à comprendre le sens profond et caché des événements. »
Le romancier doit alors sélectionner les événements pour mettre en lumière ceux qui seraient demeurés inaperçus pour des observateurs peu clairvoyants. En outre, cette sélection doit se faire dans un souci de vraisemblance plutôt que dans une entreprise de retranscription exacte de la réalité.
Il conclut alors ainsi :
« Faire vrai doit consister à donner l'illusion complète du vrai ».
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