Chapitres
1. Ce qu'on attend des femmes en politique
Comme l'explique Ségolène Royal en 1996, la présence de la femme
en politique n'a pas été facile à envisager : « Depuis l'enfance, je me suis toujours vécue
comme une minorité. Très tôt, j'ai été exposée aux propos dépréciateurs que l'on réserve
au sexe faible. Je n'avais pas eu à aller bien loin : tout cela se passait en famille. Les ambitions
familiales étaient bien arrêtées : les garçons feraient des soldats ; les filles, cela allait de soi,
se marieraient. Pour elles, pas question d'études, sauf, à la rigueur, quelque cycle court. Les femmes
de la famille vivaient dans une dépendance subie ou consentie conforme à l'héritage du code
Napoléon et, paraît-il à l'Évangile. » L'image de la femme en politique se distingue de celle de
l'homme, de par l'héritage d'un monde politique depuis longtemps masculin. En effet, pour réussir
en politique, les femmes doivent apparaître comme meilleures que les hommes. Elles doivent être
exemplaires pour légitimer leur place en politique par rapport au monde politique et à l'électorat.
Toutefois, on pense que les femmes sont plus aptes à gérer les conflits, « en douceur », comme l'explique Valérie Pécresse. Il semble donc difficile pour une femme de réussir en politique avec cette double exigence : être meilleure que les hommes, mais sans établir de rapport de force, ce qui est propre au monde politique, représenté majoritairement par des hommes.
2. La nécessaire 'féminisation' de l'image
L'accès à la politique pour une femme va de pair avec la féminisation de l'image. En réalité, les femmes vont entrer dans un stéréotype de façon à exister en politique. Les femmes vont ainsi adopter un profil particulier. Elles peuvent premièrement mettre en avant leur particularité de femme, ou encore rentrer dans un profil typiquement masculin. Quelque soit le profil utilisé, la femme en politique a besoin d'adopter une stratégie de l'image particulière à sa situation de femme.
Il y a tout d'abord un profil de femme « masculine », qui a intégré les règles masculines de la vie politique. L'exemple le plus marquant est celui de Marine Le Pen, fille de J.M. Le Pen. Elle est l'héritière de la tradition politique de son père et adopte bien ce rôle de la fille et femme traditionnelle. De même, Arlette Laguiller est une femme qui incarne elle aussi la femme politique masculine : célibataire, sans enfants. Néanmoins, ces femmes politiques masculines souffrent d'un manque de légitimité de la part des médias qui considèrent que même si celles-ci prouvent leur détermination et leur compétence par l'adoption d'une attitude plus masculine, elles manquent tout de même de féminité. Pour être une femme en politique, il faut, comme le dit Anne Hidalgo, 1ère adjointe au maire de Paris, montrer qu'on peut concilier politique et vie politique. Quand elle était enceinte, celle-ci l'a affiché et a en réalité reçu des lettres de soutiens de la part de femmes : « vous nous montrez que c'est possible ».
Il existe alors une deuxième catégorie de femme politique, plus féminine. Elles mettent plus en avant la douceur, la sensibilité, l'écoute, qualités habituellement attribuées aux femmes. Il faut insister sur le fait que les femmes politiques occupent au sein du gouvernement plutôt des places relatives aux affaires sociales (Elisabeth Guigou, ministre de l'emploi et de la solidarité ; Martine Aubry ministre des affaires sociales). Les femmes rentrent ainsi dans des stéréotypes pour se faire mieux accepter du monde politique. Ainsi, Rama Yade a l'image de la femme jeune mais figurant aussi la représentation de trois autres minorités : une femme, jeune, noire et musulmane. C'est autour de la représentation de quatre minorités que Rama Yade est une femme politique.
Si vous désirez une aide personnalisée, contactez dès maintenant l’un de nos professeurs !