Chapitres
Pour bon nombre d’auteurs, les partis de cadre sont appelés à disparaître.
Ces partis reposent sur des personnalités et il suffit que ces hommes politiques n’aient plus le vent en poupe pour que leur mouvement politique soit fragilisé. Par ailleurs, les analyses des politistes montrent que les partis de cadre ne peuvent subsister que s’ils s’adaptent et à la condition de devenir de véritables machines électorales. En GB, le parti conservateur et les partis politiques américains illustrent parfaitement cette adaptation des partis de cadre.
- Pour le parti conservateur, les spécialistes disent qu’il ne s’agit même plus d’un parti de cadre mais d’un parti de masse.
Si on adopte le critère du nombre d’adhérents, on peut en conclure que le parti conservateur britannique n’est pas un parti de cadre car il en a beaucoup. 
- Pour les partis politiques américains, ils représentent un autre mode d’adaptation.
Si sur leurs caractéristiques il ne fait nul doute que ces partis sont des partis de cadre, leur structure extrêmement souple et les activités du parti entre deux élections sont réduites. 
Certains partis politiques ne peuvent pas être classés dans le cadre des schémas traditionnels.
Par exemple, les partis démocrates chrétiens. Ils sont nés de l’opposition entre l’Eglise et l’Etat. Dans tous les pays d’Europe sauf l’Irlande, ces conflits ont existé. Ces conflits ont dépassé les conflits de classe dans la mesure où la lutte pour ou contre l’Eglise a occulté la problématique des conflits de classe. C’est sous l’influence de l’Eglise que ces partis démocrates chrétiens sont nés en Europe. Corrélativement, se sont constitués des syndicats.
Les partis démocrates chrétiens ont même réussi à limiter le développement de partis purement ouvriers. Comment les classer ? Ils ne peuvent pas être rattachés aux partis de cadre car ils sont fortement structurés.
Les partis démocrates chrétiens
Ils se distinguent des partis de masse par leur interclassisme. Ces partis démocrates chrétiens ne reposent pas sur la base d’une catégorie sociale déterminée. Ce qui attire les adhérents c’est leur sentiment d’appartenance à la communauté chrétienne. L’autre caractéristique de ces partis est l’horizontalité.
Cette horizontalité signifie que ces partis ignorent la distinction entre la gauche et la droite.
On doit noter que la coexistence parfois difficile entre la tendance conservatrice et la tendance progressiste dans ces partis au sein de la démocratie chrétienne a été plutôt bénéfique que négative. Les politistes s’opposent sur la caractérisation de ces partis. Certains considèrent que ce sont des partis « attrape-tout » alors que d’autres préfèrent souligner leur horizontalité. En France les partis démocrates chrétiens n’ont pratiquement aucune existence aujourd'hui. Les partis agrariens sont des partis de classe qui représentent une catégorie sociale particulière : la classe paysanne. On les rencontre dans le nord de l’Europe (Pays Bas : Boeren Party ; dans les pays scandinaves ; dans certains cantons suisses). Pourquoi au nord ? Les spécialistes expliquent d’historiquement les pays scandinaves n’ont jamais connu la féodalité et les paysans ont toujours disposé dans ces pays d’une représentation politique autonome. Dans la plupart des pays européens, ce sont souvent les mouvements démocrates chrétiens qui ont porté une vraie attention à la classe paysanne. Les partis agrariens ne sont ni des partis de cadre ni des partis de masse, ce sont des partis inclassables. Ils sont hors norme. Avec l’évolution de l’organisation des partis politiques, les spécialistes ont cherché de nouvelles typologies. Georges Burdeau dans sont Traité de Sciences politiques propose comme distinctions les partis d’opinion et les partis idéologiques.
Les partis d’opinion
Ils se caractérisent par 4 traits :
-
- L’appartenance de personnes de catégories sociales différentes (parti horizontal). Il ne recherche pas à être l’expression d’une classe sociale.
- L’acceptation de la société et du système politique dans lequel il évolue. Ce sont des partis qui peuvent être réformistes mais en aucun cas révolutionnaires.
- Leur faiblesse organique. Leur appareil administratif est réduit. C’est un parti qui se borne à rassembler des opinions préexistantes.
- Les personnalités des dirigeants des partis jouent un très grand rôle. C’est leur attitude qui détermine la doctrine du parti, plus que l’attachement à une ligne de conduite théorique.
Les partis idéologiques
Ils se caractérisent par leur désintéressement à l’égard des individus. Au contraire, ils s’attachent à une ligne doctrinale très précise. C’est la doctrine du parti qui permet de maintenir l’unité du mouvement.
Le parti idéologique est un parti exclusiviste : il ne s’adresse pas à tous les individus, mais à une classe en particulier.
Il tend également à devenir un parti unique puisque la catégorie qu’il représente se rattache à la seule philosophie qu’il accepte. Le parti idéologique est un parti autoritaire et autoritariste dans le fait qu’il ne tolère aucune variété d’interprétation.
Burdeau explique que ce sont seulement les dirigeants qui déterminent la substance doctrinale du parti.
Enfin, lorsque ces partis triomphent, ils cherchent à contrôler tous les mécanismes de l’Etat. Ils se donnent pour rôle d’unifier la collectivité en se posant d’une certaine façon comme la seule source du pouvoir légitime.
Le paradigme de Rokkan
C’est une analyse à la fois historique et fonctionnaliste. Pour Rokkan, du point de vue politique on observe historiquement une triple cassure :
- La révolution nationale,
- La révolution industrielle,
- La révolution internationale.
Chacune de ces révolutions à eu des effets sur le système politique selon deux axes :
- L’axe fonctionnel,
- L’axe territorial/culturel.
Ainsi, la révolution nationale a donné naissance du point de vue fonctionnel au clivage Eglise/ Etat et du point de vue territorial/culturel au clivage centre/périphérie. La révolution industrielle a engendré du point de vue fonctionnel le clivage possédant/ travailleur et du point de vue territorial/culturel le clivage secteur primaire/secteur secondaire. La révolution internationale présente la particularité d’avoir engendré de nouveaux clivages à l’intérieur de la catégorie des travailleurs. Autrement dit, elle a eu pour principal effet de diviser les partis politiques de gauche en parti communiste d’un côté et parti non communiste de l’autre. Dès lors, on retrouve 2 lignes de clivage :
- Le clivage entre l’Eglise et l’Etat permettant d’opposer les partis cléricaux et les partis anti cléricaux. Ce clivage a un caractère historique dans la mesure où l’opposition Eglise/Etat a perdu de sa force après la 2ème GM.
- Le clivage entre le centre et la périphérie. Autrement dit, d’un côté on a les partis centralisateurs partisans de l’autorité de l’Etat et de l’autre, les partis décentralisateurs dans lesquels on peut inclure les partis autonomistes. Les partis centralisateurs l’ont d’abord emporté mais aujourd’hui, on constate la renaissance des mouvements de périphéries revendiquant autonomie ou même indépendance.
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