LSF en Saône et Loire. Sourde de naissance, oralise et signe. Des ateliers à la Langue des Signes Française, en toute simplicité, à votre rythme, vous apprendrez la LSF. Des vidéos seront mise à dispo

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• Parlez-vous couramment cette langue en raison de vos origines ou parce qu’un professeur vous a donné envie de l’apprendre ?

  Comme je le dis dans mon annonce, je suis sourde de naissance (surdité sévère bilatérale), j’ai appris à parler. Puis le temps passe, la vie….En moi, quelque chose me manquait, quoi, je ne savais pas.
  Puis, en 2016, à 52 ans j’ai rencontré une femme sourde qui signait, et là le déclic s’est réalisé. J’ai commencé à apprendre les bases de la LSF et au bout d’un an, j’ai sollicité une formation en LSF, en 2017.
  A ce jour, j’ai le niveau B1.2 validé par le DCL Diplôme de Compétence en Langue en juin 2020.
  Actuellement, je poursuis la formation, niveau B2, avant-dernier niveau.
  Quand je signe, je suis heureuse. Et quand je transmets cette langue à une personne motivée, je suis aussi heureuse de pouvoir partager.

• Citez le personnage vivant, historique ou fictif qui est, selon vous, le représentant emblématique de la culture en question.

  L’histoire et la culture de la Langue des Signes Française est très riche, très dense. Parmi les hommes historiques, je citerai deux hommes qui ont promu la LSF au 18 et au 19ème siècle, respectivement, il s’agit de l’Abbé de l’Epée, c’est lui qui a créé l’école pour les Sourds gratuite, et ensuite, un homme qui a fait évoluer la LSF sur le plan linguistique, il s’agit de Roch-Ambroise Auguste Bébian.

• Y-a-t-il, dans celles-ci, un mot, une expression, une tradition ou un comportement typique qui vous amuse particulièrement ?

  Cette langue demande un effort important dans l’expression corporelle, faciale, gestuelle.
  Et ce qui est amusant est de voir un entendant, au début de l’apprentissage de la langue, comment il se démène pour sortir du carcan qui l’enserre depuis des années. Parfois, il réussit, parfois non ou il n’ose pas. Parfois, c’est beau de voir comment une personne, grâce aux efforts personnels, vit une seconde naissance.
  Cette langue demande que l’on ose, oser sortir des conventions, des sentiers battus.
  Ce qui est amusant aussi avec la langue des signes est que lorsque vous allez dans un pays étranger, et que vous rencontrez des Sourds, la communication se fait très vite alors que si vous êtes français et que vous voulez communiquer avec un japonais, bon courage ! Grâce à la langue des signes, vous pouvez échanger directement avec un japonais avec le mime, le « dire en montrant » quand on ne connaît pas le mot signé.

• En quoi savoir parler cette langue est important, que ce soit scolairement, professionnellement ou d’un point de vue plus personnel ?

  Tout d’abord, pour les enfants Sourds de naissance, il est indispensable d’avoir un enseignement en LSF en plus du français écrit.
  Professionnellement, vous pourriez avoir à vos côtés, un collaborateur sourd, et il sera bien content de voir qu’il peut communiquer avec vous en LSF, même si vous n’êtes pas un pro, mais au moins vous faites l’effort.
  D’un point de vue personnel, c’est humainement enrichissant ! Vous pouvez apprendre cette langue et mieux vous comprendre, améliorer votre image intérieure et extérieure puisque votre corps tout entier est sollicité.

• Quelle est la difficulté principale de cette langue et ce qui peut favoriser son apprentissage ?

  La Langue des Signes Française a sa propre syntaxe, sa grammaire, ses constructions. Il faut du temps pour signer correctement, en respectant la syntaxe, la grammaire…Mais, même si l’on est débutant, on peut très bien se faire comprendre en toute simplicité, grâce au mime, le « dire en montrant ». Il vous suffit de décrire avec vos mains la situation.
  De plus, c’est une langue qui évolue avec son temps, tout comme le français.
  Ce qui peut favoriser son apprentissage, à la naissance du bébé, à la rencontre d’une personne sourde dans la vie quotidienne, ou au hasard de la vie, ou dans la vie professionnelle.

• Une anecdote en rapport avec votre métier ou votre scolarité à nous raconter ?

  J’étais en CM2, et pour passer en 6ème, nous devions passer des tests. Dans ces tests, il y avait le dessin.
  La maîtresse nous demande de faire le dessin suivant : une dame sous la pluie.
  Et moi, j’ai dessiné ce que j’avais compris : Une table sous la pluie…
  Cela pour vous faire remarquer que si j’avais connu la LSF à cette époque, je crois que je n’aurais pas fait cette « erreur ».
  Un souvenir qui me fait toujours sourire et pourtant très explicite du problème de la surdité.

• Aidez-nous à vous connaître un peu mieux en évoquant vos différents voyages ?

  Mon plus beau voyage est celui d’être « tombée » dans le Monde des Signes, car là, je suis heureuse et avec mes pairs. Je m’exprime comme j’ai envie et sur tous les sujets qui soient, cela est extraordinaire. Je dis cela car même si je suis appareillée, oralisant très bien, j’ai souvent eu l’impression que l’on ne m’entendait pas. Alors, qu’avec les signes, on m’entend par les yeux ! C’est juste magique !

• Qu’est-ce qui fait de vous une Superprof, en plus de cette capacité à s’exprimer en plusieurs langues ?

  J’aime la Langue des Signes Française, je la vis dans ma tête, mon corps. C’est un plaisir de partager ce que l’on aime à des personnes motivées, enthousiastes.
  Je dirai presque qu’il y a de l’amour, l’amour de transmettre.