Apprentissage = compréhension et travail, ce qui ne se fait pas tout seul !

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• 1) Depuis quand développez­-vous un intérêt pour votre discipline et pour les cours particuliers ?

  J'ai démarré les cours particuliers en tant qu'étudiant, en 2013, comme beaucoup d'autres, car j'ai toujours aimé cette sensation de faire passer un message. Bon, pouvoir se payer un petit supplément dans le panier de course, bien sûr fait partie de la raison. Je n'avais pas d'expérience en tant qu'enseignant et pour être honnête je ne me sentais pas légitime de donner cours sur des notions que j'avais vues 2-3 ans auparavant. Me voilà donc lâché, avec mon petit bagage de maths chez quelques familles qui ont choisi de me faire confiance. Pourquoi les maths ? Les calculs peuvent être ridiculement simples parmi les plus compliqués, suffit de comprendre l'astuce et avec un peu d'investissement perso, j'étais sûr de pouvoir expliquer là où je butais plus jeune. Je me suis très vite pris au jeu et je n'ai jamais autant aimé "travailler" de ma vie. En parfait autodidacte, j'ai repris mes propres cours, j'ai alors appris à les transmettre et me voilà, une grosse dizaine d'années et un bon bagage scientifique en poche plus tard, le prof particulier que je suis fier d'être devenu (j'ai juste perdu mes cheveux sur le chemin...) ! Avec du recul, mon métier actuel n'est que le résultat d'une passion dévorante que j'ai laissé s'exprimer car j'aime fondamentalement apprendre aux plus jeunes à apprendre, mais surtout à s'amuser là où à leur âge je ne m'amusais pas du tout !

• 2) Dites nous-en davantage sur la matière enseignée, sur les thèmes que vous appréciez aborder avec les élèves (et éventuellement ceux qui vous plaisent un peu moins) !

  Si je devais citer ce que je n'aime pas enseigner pour commencer, je dirais "être trop scolaire". J'ai vu beaucoup trop de jeunes gens être dégoûtés des matières scientifiques à l'école pour la simple raison qu'elles ne sont que trop peu vulgarisées ou exemplifiées (et je ne blâme pas mes collègues en établissement qui pour beaucoup font ce qu'ils peuvent avec ce qu'ils ont). C'est important d'apprendre avec rigueur ce qu'est la rigueur scientifique, mais le public qui reçoit ces infos est souvent trop jeune pour n'apprendre QUE de cette manière. Je vais bien sûr coller à ce que l'école demande, le but c'est quand même que les notes suivent et collent au système scolaire comme on le connait, mais toujours avec de l'humour : on va dans la cuisine pour montrer comment faire de la physique-chimie avec des casseroles et de l'eau, puis comment faire les calculs avec les maths, puis seulement on interprète les résultats. Je vais partager mes expériences parfois douteuses de thèse pour susciter l'intérêt, donner du recul sur la valeur de l'échec dans la progression...
  Transition parfaite pour amener ce que j'aime enseigner : le courage de se tromper et de faire face à ce qui semble être un échec. J'aime enrober de bienveillance les couacs. J'aime dire qu'une mauvaise note n'est pas que le résultat d'un manque de travail, car ne pas trouver qu'une info est intuitive... bah ça arrive à tout le monde tous les jours ! J'aime enseigner comment un élève peut se faire confiance et, avec du travail, l'aider à ancrer cette confiance. En général, avec tout ce travail de fait, un élève n'hésite même plus à demander de l'aide et là, j'aime lui enseigner ce pourquoi il ou elle éprouve maintenant de l'intérêt et où "comprendre" ne fait plus peur.

• 3) Parlez-nous de vos modèles, que ce soit un professeur qui vous a marqué ou encore une oeuvre qui vous a inspiré !

  J'ai moi-même eu un prof particulier de maths au collège et au lycée parce que... bah soyons francs, je ne comprenais parfois quedal. Sa manière d'aborder les notions était simple, fluide et accessible. J'emploie moi-même beaucoup des astuces que j'ai retenues de sa part quand je donne cours pour la simple raison qu'elles m'ont marqué (Merci Greg 🙂). Deux autres personnes m'ont particulièrement marqué, à savoir mes maîtres de thèse, Pierre et Adrien. Ils sont des chimistes brillants et la rigueur dont ils font preuve, demandée par ce niveau d'implication dans le domaine de la recherche, force le respect et l'admiration. Ils ont su cristalliser en moi cette nécessité d'utiliser les bons mots, au bon endroit, afin qu'un message soit justement compris. Pierre de son côté, que j'ai eu comme enseignant presque tout au long de mes années de fac, n'a eu de cesse que de me faire aimer sa matière de prédilection qui est devenue la mienne et surtout, sa pédagogie m'a soufflé ! J'oublie beaucoup d'autres acteurs de ma motivation pour ne pas faire trop long mais le principal est là !

• 4) Quelles sont, selon vous, les qualités requises pour être un bon expert dans votre domaine ?

  De mon point de vue, il faut se souvenir de là où on vient : le même endroit que le public auquel on s'adresse. C'est important de savoir taper juste sur ce qui fait buter l'élève. Par exemple, un calcul peut sembler tout simple, il suffit de combiner ce qui va ensemble. Pourtant, ça coince. La raison se trouve certainement dans les connexions défaites entre différents chapitres qui pourtant doivent se tenir la main pour provoquer le "Ah mais ouais, c'est juste ça ?" qui fait tant plaisir à entendre. Savoir deviner ce à quoi l'élève n'a pas pensé pour le guider sur la voie est essentiel pour lui faire gagner du temps mais aussi lui créer des automatismes. Il est parfois compliqué de taper juste, surtout quand l'élève ne s'exprime pas, et la qualité d'un bon prof qui en ressort c'est avant tout de savoir gagner la confiance de ses élèves. Parvenir à devenir garant de leur sécurité dans leur travail à la maison est un réel défi qui prend plus ou moins de temps mais qui libère bien du potentiel !

• 5) Une anecdote en rapport avec votre métier ou votre scolarité à nous raconter ?

  J'ai été major de promo tout le long de mes années de master avec des 20/20 en chimie organique et lors de ma 2eme année de fac en filière chimie j'ai avoisiné les 18 de moyenne dans ladite matière ! 🙂 Voilà, les fleurs sont lancées, maintenant l'anecdote ! Lors de ma première année en tant que prof particulier, j'ai eu un élève nommé Jules, en 4eme. Jules avait des moyennes très besses, un comportement douteux en classe... Le profil type d'un gamin qui n'a pas sa place à l'école ou pour lequel l'école n'est pas adaptée, allez savoir... En tout cas, pour cette année, on sauve les meubles, il passe en 3eme. Nouvelle année d'accompagnement, Jules et moi nous entendons à merveille, il reprend petit à petit confiance en lui, se met à bosser et il veut en découdre ! On a bossé comme des acharnés toute l'année, il a rattrapé tout son retard, sa moyenne en maths double par rapport à sa 4eme et il obtient son brevet des collèges pourtant si mal barré. Ce bonheur a été de courte durée car aucun établissement n'a voulu accepter ce petit Jules qui a tout donné en seconde, relégué dans une filière dans laquelle il ne voulait pas aller parce que "oui mais en 4eme il a fait n'importe quoi". On perd le contact, dégoûtés, jusqu'à la grande surprise où je reçois un appel quelques années plus tard : "Salut c'est Jules, tu te souviens de moi ? Je voulais te dire qu'après avoir fait [parcours mouvementé], eh bien je viens d'obtenir mon bac en candidat libre et j'intègre un BTS à la rentrée et j'aimerais que tu m'aides pour rattraper mon niveau en chimie !". Maintenant, Jules est dans une grosse boîte et va bientôt passer son grade d'ingénieur. Je trouve la morale de cette histoire d'une beauté incroyable et Jules mérite bien plus que des fleurs pour le courage qu'il a eu ! Je suis tellement fier de lui !

• 6) Vous pouvez maintenant nous rassurer et nous avouer que vous aussi, vous avez déjà connu des difficultés à l'école…

  Bon, l'enthousiasme de mes bonnes notes c'est sympa mais j'ai obtenu ces résultats de 2eme année après un redoublement ! A la fin de ma première 2eme année, persuadé que ça passe, je me barre en road trip, à 9600 km de Dijon, où j'ai lu "Ajourné" avec 9.86 de moyenne générale. Ma chance avait tourné et tout ce qui passait sans trop me bouger... bah ne passait apparemment plus ! Les belles notes qui ont suivi sont le résultat d'un travail acharné pour rattraper mon retard, combler mes lacunes et surtout me découvrir une passion pour la chimie moléculaire car j'ai alors découvert que travailler pour de vrai une matière permet d'être confiant dans ce que l'on aime ou pas !

• 7) Aidez-nous à vous connaître un peu mieux en évoquant vos passions (que vous partagerez peut-être un jour via Superprof).

  Je pense que ma passion de l'enseignement a été largement partagée précédemment mais si je devais compléter, j'adore les jeux de société, les jeux vidéo, les mangas et les animaux. En gros, si je ne parle pas de sciences, je suis un vrai gosse qui ne se prend pas trop la tête, qui joue au casque avec ses copains parfois tard le soir et qui lit surtout des livres avec des images sinon je m'endors... Autant vous dire que les 1000+ publications scientifiques lues durant ma thèse ont été un enfer haha !

• 8) Qu'est-ce qui fait de vous un Superprof (en plus d'avoir répondu à cette interview :-P) ?

  Ce qui fait de moi un Superprof ce sont les retours des familles dont j'ai pu croiser la route au cours de ces dernières années et l'évolution des élèves que j'ai accompagné, car sans eux je n'aurais jamais pu me développer en tant que prof et ce sont toutes ces expériences qui rendent cette aventure super !