La présidentielle se tiendra les 10 et 24 avril prochain. Pour de nombreux candidats, l’éducation
est considérée comme la mère des batailles de la campagne.
Pour certains, l’école est une façon de considérer l’avenir en reformulant une promesse d’égalité et de fraternité; pour d’autres il s’agit de redonner ses lettres de noblesse à l’Education Nationale en s’appuyant sur des piliers tels le mérite et la tradition.
Plusieurs candidats, plusieurs projets donc, mais une conviction partagée : la nécessité d’accorder davantage de moyens, tant humains que financiers, à l’école.
À gauche, une école plus égalitaire
Le programme de Fabien Roussel sur l'éducation
Parmi les nombreux candidats de gauche, celui du Parti communiste Fabien Roussel prévoit
dans son programme intitulé « La France des jours heureux », de rendre le droit à la scolarité
accessible à partir de 2 ans et d’augmenter le temps passé à l’école jusqu’à 27 heures par
semaine en primaire, 32 heures au collège.
Une présence en cours plus longue en contrepartie de la fin des devoirs à la maison.
Une mesure défendue pour garantir plus d’égalité sociale et permettre la pratique d’activités extra scolaires.
Entre autres mesures visant à rendre l’école plus égalitaire, Fabien Roussel propose :

- La création d’un métier d’accompagnement des élèves en situation de handicap,
- Le repas à un euro généralisé dans toutes les cantines,
- Le retour des épreuves nationales communes pour le baccalauréat (BAC),
- La suppression de ParcourSup,
- Le doublement du parc de logements étudiants et la construction de foyers jeunes travailleurs,
- L’instauration d’un revenu étudiant à 850 euros minimum.
Niveau budget : celui de l’Education Nationale augmenterait de 45%; jusqu’à 80 milliards d’euros,
jusqu’à 20 milliards pour l’enseignement supérieur. Le candidat communiste veut également
former 90.000 enseignants et augmenter leur salaire de 30% pour rattraper le gel du point
d’indice.
Le programme de Jean-Luc Mélenchon sur l'éducation

Ce rattrapage est aussi souhaité par Jean-Luc Mélenchon qui inscrit dans son programme l'Avenir en Commun la revalorisation des salaires des enseignants et le recrutement d’enseignants et de conseillers principaux d’éducation (CPE).
En opposition directe à l’annonce de la hausse des frais universitaires par Emmanuel Macron en
janvier dernier, Jean-Luc Mélenchon veut la gratuité de l’enseignement supérieur, de la licence au
doctorat. Est prévu également un statut protecteur pour les jeunes chercheurs, en titularisant
ceux qui effectuent des missions pérennes.
Le leader de la France Insoumise se donne pour objectifs :
- « d’éradiquer l’illettrisme d’ici 2027 »,
- de promouvoir 500 000 places en crèche,
- d'assurer la gratuité réelle de l’éducation publique y compris les cantines, les transports et les
activités périscolaires, - de réduire partout les effectifs de classe et passer sous la moyenne européenne (19 élèves),
- 15 000 nouveaux logements étudiants par an et la rénovation aux normes de ceux existants,
- de rendre la natation obligatoire dans le cadre scolaire,
- de supprimer ParcourSup,
- la création d’une allocation étude de 1000 euros,
- d'instaurer une nouvelle carte scolaire pour « mettre fin à la ségrégation ».
Le programme d'Anne Hidalgo sur l'éducation

«Mettre fin aux collège-guettos », c’est ce qui est également inscrit sur le programme de la
candidate socialiste Anne Hidalgo qui propose un plan pour la mixité scolaire.
Côté réformes, Anne Hidalgo entend, elle aussi, supprimer ParcourSup et lui préférer un dispositif
plus transparent et garant d’une véritable égalité des chances.
Après une annonce remarquée sur le doublement du salaire des profs, la candidate a depuis revu
sa mesure à la baisse : elle propose désormais une augmentation progressive du salaire des
enseignants, porté à terme à celui des cadres en commençant par les débuts de carrière.
Anne Hidalgo souhaite donc que les enseignants touchent ce salaire dès le début de leur carrière, contre 1700€ nets actuellement.
La maire de Paris veut organiser des états généraux de la pédagogie afin de rendre l’école « plus
inclusive et collaborative », et former le personnel éducatif à la lutte contre le harcèlement
scolaire.
Quel est le programme de Christiane Taubira sur l'éducation ?
Une école apaisée : voilà comment l’on pourrait résumer l’école selon Christiane Taubira qui
veut mettre en place un « brevet de la non-violence » au collège. Elle souhaite instaurer « une
véritable éducation sexuelle au consentement, des enseignements sur les violences sexistes,
sexuelles dès le primaire ».
Pour garantir la mixité sociale : l’enseignement privé sous contrat entrera dans la carte scolaire.
Le programme de Yannick Jadot sur l'éducation

Dans le programme de Yannick Jadot aussi, on trouve la réparation des inégalités sociales. Pour
cela, il préconise lui aussi une réforme de la carte scolaire, et comme tous les autres candidats de
gauche, la suppression de ParcourSup.
Il entend aussi revenir sur la réforme du lycée et du BAC.
Le candidat écologiste promet, tout comme bon nombre des candidats de gauche, un revenu étudiant qui se situerait à 920€ par mois. En plus de toucher les étudiants, ce revenu concernerait toute la population à partir de 18 ans afin de constituer un "revenu citoyen".

Quant aux moyens humains, Yannick Jadot promet le recrutement de 65 000 enseignants, 2 000 médecins scolaires, 1 000 assistants sociaux et 3 000 infirmiers.
Pour l’enseignement supérieur, est annoncé l’ouverture de 10 000 postes d’enseignants chercheurs, l’augmentation du budget de la recherche publique à 1% du PIB d’ici 2025 et la création de 10 000 places en première année d’ici la fin du mandat.
À droite, une école centrée sur les valeurs républicaines
Le programme de Valérie Pecresse sur l'éducation

Une école qui instruit et une école plus sûre. On pourrait résumer ainsi le programme
éducation de Valérie Pécresse.
Celle qui a été investie par Les Républicains veut créer un Conseil des droits et devoirs des
familles dans toutes les villes de plus de 10.000 habitants pour aider les enfants en difficulté mais
aussi suspendre les allocations familiales des parents défaillants.
Pour les élèves les plus perturbateurs, la candidate de droite veut créer des structures de
réinsertion scolaire.
Dans l’école de Valérie Pécresse, l’accent est mis sur la sécurité : tous les faits d’agression ou
d’outrage envers un enseignant seront passibles de poursuites judiciaires et des brigades mobiles
de sécurité seront déployées dans les académies. Et pour encourager les enseignants à exercer
dans les quartiers difficiles, la candidate LR prévoit une augmentation de salaire.
Quant à l’organisation des établissements, est prévue la création d’une réserve nationale
éducative composée de professeurs retraités, des contrats de missions éducatives de 5 ans et
régionaliser la gestion des carrières des enseignants.
Par ailleurs, Valérie Pécresse veut donner plus d’autonomie aux établissements en leur rendant une liberté totale sur les recrutements et accroître l’autonomie des universités.
Figure également au programme : des bourses au mérite pour les bacheliers boursiers mention
« Très bien ».
Pour garantir le niveau des élèves, la candidate veut instaurer un examen d’entrée en 6ème portant sur la lecture, l’écriture et le calcul. Pour ce faire, en classe, en plus d’un enseignement de l’Histoire de France, les cours de Français et de Mathématiques seront musclés : deux heures supplémentaires par semaine pour l’un, une de plus par semaine pour l’autre.
Le programme d'Eric Zemmour sur l'éducation
Recentrer l’enseignement autour de « savoirs fondamentaux », c’est ce que l’on peut lire
également dans le programme « Reconquête » d’Eric Zemmour, à savoir : lire, écrire, compter.
Soit 7 % des personnes ayant été scolarisées en France (source : INSEE, 2012)
Pas d’idées novatrices dans le programme mais plutôt une succession de mesures abandonnées
que le candidat d’extrême-droite tient à réinstaller :

- Les trois filières scientifique, littéraire et économique avec la création de « classes d’excellence »,
- La possibilité pour tous d’apprendre le latin, le grec et d’accéder à un « véritable »
enseignement de la musique, - Le retour du certificat d’étude primaires (CEP),
- Un BAC national et anonyme en terminale,
- Un grand ministère de l’Instruction publique,
- La fin du collège unique et mettre à la place des classes de niveau et une voie professionnelle
dès 14 ans, - La fin des langues vivantes au primaire,
- Le retour de la blouse.
Comme la candidate LR, Eric Zemmour lie le thème de l’éducation à celui de la sécurité.
Ainsi ...
- la suspension des allocations pour les familles d’élèves gravement perturbateurs ou absentéistes,
- la création d’internats de réinsertion pour les élèves posant de graves problèmes de
comportement, - ou encore la transformation des CPE en « surveillants généraux » chargés uniquement du
maintien de l’ordre scolaire,
... figurent en bonne place dans le programme du polémiste en matière d’éducation.
Le programme de Marine Le Pen sur l'éducation

Tout comme son rival polémiste, Eric Zemmour, la candidate du Rassemblement national veut une école traditionnelle. A la blouse souhaitée par le candidat Reconquête!, Marine Le Pen souhaite imposer le retour de l'uniforme dans les écoles primaires et dans les collèges.
Pour ce qui est des enseignements prodigués, la candidate dʼextrême droite souhaite aussi "remettre au cœur des programmes" l'enseignement du français, des mathématiques et de l'histoire.
Enfin, pour challenger Emmanuel Macron, lʼune de ses premières mesures sera aussi de revaloriser de 5% par an le salaire des enseignants.
Quid de Macron ?

Le président-candidat Emmanuel Macron a présenté son programme le 17 mars. A l’instar de la candidate LR, le président souhaite une école « plus libre » et permettre aux établissements de « bâtir leur propre sujet pédagogique selon leur territoire ».
Par ailleurs, une expérimentation lancée à Marseille doit permettre aux directeurs d’école de recruter plus librement leur équipe pédagogique, une opération baptisée « l’école du futur » qui concernerait une cinquantaine d’école de la cité phocéenne, afin d’améliorer l’offre éducative dans les quartiers difficiles.
Ses autres propositions pour lʼéducation comportent :
- Une hausse des salaires. Le chef de lʼEtat ne les estiment pas assez attractifs pour attirer les candidats à la profession. Cependant cette augmentation est conditionnée par lʼexécution de missions supplémentaires, comme le remplacement de collègues de travail. Pour mettre en place ce système dʼaugmentation : lʼenveloppe de l'Éducation serait gonflée de 12 milliards d'euros sur le quinquennat.
- Réformer les lycées professionnels afin de cibler les besoins en emploi sur chaque territoire et rapprocher les entreprises locales avec les lycéens pour faciliter lʼinsertion professionnelle.
- Réformer l'enseignement au lycée, avec plus de mathématiques dans le socle commun. Un rétropédalage car le nombre dʼheures consacrées à la discipline a significativement baissé avec la réforme de 2019 (150 000 en 2020 contre 180 000 en 2018).
Le candidat de droite « et en même temps » de gauche doit se faire une place entre les propositions de gauche et celles de la candidate LR Valérie Pécresse.
Ainsi, Emmanuel Macron s’est prononcé en faveur d’une école plus égalitaire en s’appuyant sur
différentes mesures telles que la scolarisation obligatoire dès 3 ans, le dédoublement des classes
de CP et CE1 dans les zones d’éducation prioritaires, et mettre l’accent sur l’apprentissage.
Autre phrase lâchée qui préfigure un programme : « On ne pourra pas rester durablement dans un
système où l’enseignement supérieur n’a aucun prix pour la quasi-totalité des étudiants, où un
tiers des étudiants sont considérés comme boursiers ». Elle a été prononcée par Emmanuel Macron, le 13 janvier dernier devant les présidents d’université.

Si l’Elysée réfute toute réforme d’ici la fin du quinquennat, on ne dément pas que la hausse des frais universitaires pour financer l’enseignement supérieur fait partie des pistes de réflexion pour l’avenir. Une piste défendue notamment par le ministre de l’Economie Bruno Le Maire.
Les autres font face à des frais d’inscription qui s’élèvent en moyenne à 260 euros par an. C’est plus que les 75 euros annuels en Allemagne, mais moins qu’en Espagne où une année de fac coûte 1 081 euros,u003cbru003eou qu’en Italie où les étudiants s’acquittent de 1 345 euros par an.
Des mesures qui devraient être au coeur des débats entre les candidats à la présidentielle avant le premier tour des élections qui se tiendra le 10 avril 2022.
Education : le résumé des propositions pour la Présidentielle 2022
Candidats | Suppression de ParcourSup | Revenu étudiant | Gratuité de l'enseignement supérieur (en formation continue) | Augmentation des salaires des professeurs (hors primes) | Recrutement de nouveaux enseignants | Mesures contre le harcèlement scolaire |
---|---|---|---|---|---|---|
Fabien Roussel | Oui | Oui, de 850€/mois | Oui | Oui | Oui, recrutement de 90,000 enseignants | Oui |
Jean-Luc Mélenchon | Oui | Oui, de 1063€/mois | Oui | Oui | Oui, recrutement de 60,000 enseignants | Oui |
Anne Hidalgo | Oui | Oui, une prime de 5000€ et 564€/mois en plus pour les précaires | Oui | Oui | Pas évoqué | Oui |
Christiane Taubira | Oui | Oui, de 800€/mois | Oui | Pas évoqué | Pas évoqué | Oui |
Yannick Jadot | Oui | Oui, de 920€/mois | Oui | Oui | Oui, recrutement de 65,000 enseignants | Pas évoqué |
Valérie Pecresse | Non | Pas évoqué | Non | Oui | Pas évoqué | Pas évoqué |
Eric Zemmour | Pas évoqué | Pas évoqué | Pas évoqué | Non | Pas évoqué | Pas évoqué |
Marine Le Pen | Pas évoqué | Pas évoqué | Pas évoqué | Oui | Pas évoqué | Pas évoqué |
Emmanuel Macron | Non | Oui, 500€/mois sous forme de contrat | Non | Oui, avec des conditions | Pas évoqué | Oui |
article très utile et bien construit, merci
Bonjour,
Merci pour votre commentaire.
Bien à vous
Dommage de ne pas avoir fait un comparatif des propositions relativement à l’entrée en master qui laisse aujourd’hui des milliers d’étudiants sur le carreau en fin de licence ni sur les filières de santé dont les passerelles. Il n’y a pas d’équivalence de crédits universitaires entre les filières de santé, même pas entre les filières médicales (maïeutique, médecine, dentaire), même pas quand les mêmes cours sont délivrés à des étudiants de filières différentes, aucune VAE possible…Le dossier « passerelle » ne permet pas de joindre les rapports de stage en hôpital, les professionnels de santé qui postulent sont évalués sur les mêmes critères que des diplômés de droit ou d’ingénierie qui n’ont jamais vu un patient, les critères de sélection sont très flous. Cf le décret de 2017.