Usages courants, exemples
Dans la vie courante, expliquer et comprendre ne sont pas considérés comme des opérations opposées mais plutôt complémentaires, qui mettent en relation au moins deux personnes distinctes. Le professeur explique, et les élèves comprennent. Expliquer signifie d’abord :
« rendre compréhensible, mettre à la portée de l’intelligence d’autrui »
Expliquer revient à détailler un raisonnement ou un processus, à en montrer les causes : si un thème est difficile à comprendre, on donnera à l’esprit le temps d’y réfléchir en le développant. Comprendre désigne en parallèle une progression personnelle qui débouche sur une saisie : « J’ai compris ».
Comprendre, c’est aussi parfois une façon d’admettre une conduite, ou une position, qui ne serait pas la sienne : « Je ne comprends que vous ayez réagi de cette manière ». En revanche, on peut expliquer un crime sans le comprendre du tout. Ses causes, l’enchainement des faits peuvent être reconstitués, mais on se refuse absolument à partager les raisons du criminel.
On peut le comprendre sans l’accepter. En opposant le cœur et la raison, Pascal traduit cette nuance entre deux positions de l’esprit : on accepte parfois sans comprendre, par exemple dans la foi.
Définitions
Explicare, en latin, c’est « déplier, dérouler », donc exposer en le mettant à plat un objet souple, un parchemin par exemple. On révèle donc un contenu resté caché jusqu’alors. Dans comprendre, prendre
souligne le rôle très actif de l’intelligence.
Usages philosophiques
Généralement, les philosophes approfondissent les sens intellectuels d’expliquer et de comprendre en étudiant leur complémentarité ou en approfondissant leurs spécificités. On insiste alors sur le caractère de développement analytique, argumenté, progressif du premier et, à l’inverse, de saisie globale, synthétique, immédiate - en tout cas dans son aboutissement - du deuxième.
Dans l’allégorie de la Caverne, l’ancien prisonnier comprend « d’un seul coup » la véritable nature du monde, parce qu’elle lui a été expliquée et révélée peu à peu.
Mais une nouvelle distinction apparaît, à la fin du 19ème siècle, avec le philosophe allemand Dilthey : expliquer et comprendre sont cette fois deux méthodes opposées. Les sciences de la nature sont explicatives : elles éclairent les phénomènes en établissant des chaînes causales, en les déterminant par des lois.
Les sciences de l’homme sont compréhensives : elles formulent globalement le sens des faits ou représentations humains. On expliquerait une éruption, on comprendrait une guerre. Cette opposition n’est pourtant pas absolue : on ne peut guère affirmer que le physicien « ne fait qu’expliquer » et le sociologue « que comprendre ».
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