« Je n'ai pas dit que la parole ce n'était rien, j'ai dit que le théâtre n'était pas limité à la parole » A. Artaud.

La phrase d'Artaud fournit par sa structure même un plan classique de dissertation dont les sous-parties sont suggérées par le libellé du sujet.

1 : importance de la parole ( le théâtre animé par la voix ).

2 : Mais le théâtre n'est pas limité à la parole, et presentation organisée des autres éléments.

Une troisième partie pouvait habilement se ressaisir du sujet pour le redéfinir autour de la notion d'effet ou d'expressivité.

I : Le théâtre, lieu privilégié d'une parole vivante.

1 : Un genre basé sur l'échange et la communication ( prendre n'importe quelle pièce de Molière comme exemple ).

2 : Un lieu privilégié pour interroger le langage ( quiproquos + théâtre de Marivaux, se découvrir à travers le langage ; le discours aide à la prise de conscience du personnage, il progresse dans la connaissance de sa propre psychologie. Voir extrait founri Le jeu de l'Amou et du hasard ).

3 : Un art de l'« effet » sur l'autre ( spectateur ou comédien, partenaire de jeu ). Double destination du langage théâtral ( comédien + le spectateur ). La parole est vivante : elle a un impact en temps réel, car discours direct et non rapporté ( parole différée souvent dans le texte narratif, et parfois public restreint de la poésie, car langage utilisé différemment ). Donc la parole théâtrale est à la fois simple, directe, efficace, spontanée et populaire.

II : Mais le théâtre n'est pas limité à la parole. C'est une parole « en situation ». L'espace scénique est ce qui renseigne sur le sens à donner à la parole.

1 : L'espace scénique, et notamment objets et décor jouent un rôle primordial dans l'intrigue. Voir extrait du Mariage de Figaro, fin de la pièce. Dans le jardin du château, le Comte croit retrouver Suzanne, camériste de sa femme, à la nuit tombée. Mais chacun semble s'être donné le mot et ce lieu devient celui de la confusion, d'autant que Suzanne et la comtesse ont échangé leur rôle pour tromper le mari volage. Le Comte, persuadé d'avoir vu sa femme céder aux avances de Figaro croit la démasquer en la faisant sortir d'un pavillon ). Rôle des objets, leur symbolisme ( voir Le Mariage de Figaro, la « romance » et le ruban ).

2 : La parole issue du texte n'est pas tout ; la mise en scène est une seconde vision d'une oeuvre qui oriente parfois différemment sa compréhension et sa réception. ( ex : choix de mises en scène dépouillées pour représenter Fin de partie ou En attendant Godot, pour limiter la référence au réel, à l'extérieur, et pour centrer tout l'intérêt du spectateur sur le questionnement du personnage, son rapport au langage et ce que ça traduit de son rapport à la vie en général ).

3 : Un lieu d'expression des intentions : les jeux d'exclusion de l'autre font percevoir les « intentions » du personnage. ( situation de monologue qui dévoile l'intimité dans la solitude et pas le dialogue – voir solitude de Phèdre pourtant accompagnée d'Oenone dans Phèdre de Racine mais qui se livre à un épanchement des sentiments sans destinataire précis, apartés qui interviennent comme des pauses dans le dialogue, changement de statut du public qui peut parfois être amené à participer à la pièce ).

III : Le théâtre, art vivant : lieu d'une expressivité qui ne passe pas que par la parole : le corps renseigne parfois mieux !

1 : Le théâtre, lieu de la parole mais aussi du silence. ( Voit théâtre de Beckett, des personnages muets : les personnages exhibent leurs souffrances par le corps car il est l'image de la souffrance métaphysique. Elle ne se dit pas, elle se vit et elle se voit ).

2 : L'effet sur le spectateur naît d'une déstabilisation : donner à réfléchir plus que donner à voir. ( voir théâtre de Brecht ) ( Petit organon pour le théâtre 1949 Brecht refuse le « piège » du spectacle – selon lui, il ne faut pas envoûter le spectateur, mais le faire réfléchir. Au lieu de provoquer l'illusion, il faut la détrure. Il faut réaliser « la distanciation », par l'entrée d'un personnage qui commente l'action par exemple, ou projections cinématographiques qui empêchent l'adhésion sentimentale du spectateur ).

3 : La déstabilisation peut aussi passer par le décalage entre l'horizon d'attente du spectateur et les choix d'expression théâtrale. ( Pousser à l'excès les émotions par exmeple « théâtre de la cruauté » d'Artaud ). Le théâtre selon lui n'est pas que psychologique, il doit être physique et plastique ( esthétique ). « Une vraie pièce de théâtre bouscule le repos des sens, libère l'inconscient comprimé, pousse à une sorte de révolte virtuelle ». Il prône « une action poussée à bout ». On est plus ici dans la « mimesis » d'Aristote ( le théâtre imite une action réelle pour purger les passions du spectateur par la « catharsis » et le rendre meilleur et plus sociable ), mais dans un choc physique qui déstabilise. Du coup, c'est aussi une façon d'interroger l'utilité et la validité du langage au théâtre.

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Agathe

Professeur de langues dans le secondaire, je partage avec vous mes cours de linguistique !